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Finances publiques

Qu'est-ce que cette méthode "BBZ" en vogue dans les entreprises américaines dont le gouvernement veut s'inspirer pour faire des économies?

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Pour élaborer le Budget 2026, le gouvernement entendrait s'inspirer de la méthode "BBZ" pour "Budget base zéro" qui consiste à réexaminer l'efficacité de chaque dépense, nouvelles comme anciennes.

Décrété par le ministre de l'Économie Éric Lombard, l'"état d'urgence budgétaire" va-t-il pousser le gouvernement à révolutionner ses pratiques pour élaborer le Budget 2026? Selon Le Monde, Bercy envisage de s'inspirer de la méthode "BBZ", pour "budget base zéro", alors que l'exécutif s'est lancé à la recherche de 40 milliards d'euros d'économies pour respecter l'objectif de déficit à 4,6% du PIB l'an prochain.

Comme son nom l'indique le "budget base zéro" consiste à bâtir un budget sans tenir compte des budgets des années précédentes et donc sans reconduction automatique des dépenses. Chacune des dépenses est justement réexaminée.

"On repart d'une page blanche et toutes les dépenses doivent être justifiées, pas que les nouvelles", explique Éric Dor, professeur à l'IESEG School of Management.

"On reprend l'analyse des besoins, on regarde l'efficacité de la manière avec laquelle on répond ces besoins. (...) Il s'agit d'éviter des effets d'inertie", ajoute l'économiste.

Imaginée par Pete Pyhrr, manager chez Texas Instruments, la méthode "BBZ" a été mise en place pour la première fois dans l'entreprise de Dallas dans les années 1960 avant d'être reprise dans le public par Jimmy Carter en 1973, lorsqu'il était gouverneur de Georgie, puis en tant que président des États-Unis à partir de 1976 dans le cadre de la loi sur la réforme de l'économie et des dépenses publiques.

"Il est évident qu'un tel examen est nécessaire au niveau fédéral. Il permettrait au gouvernement de réduire les dépenses en supprimant les programmes inutiles. Il garantirait à la population que les fonds sont protégés contre les programmes inutiles et inefficaces", avait justifié le démocrate.

"Certaines dépenses ne sont plus justifiées"

Coca-Cola, Unilever, Mondelez... Ces dernières années, plusieurs entreprises ont adopté la méthode "BBZ" pour réduire drastiquement leurs coûts. Plus récement, c'est ce qu'a fait Elon Musk après son rachat de Twitter, devenu X.

C'est cette revue en profondeur des dépenses inspirée du "BBZ" que semble vouloir mettre en oeuvre le gouvernement: "La lucidité nous impose de voir que certaines dépenses ne sont plus justifiées", a expliqué ce mardi Amélie de Montchalin. Pour la ministre des Comptes publics, "nous sommes devenus parfois un État guichet, un État qui distribue". Elle a appelé à "recentrer l'État sur sa capacité à planifier et à agir efficacement plutôt que d'être dans les subventions automatiques, les chèques, les mesures qui parfois ont perdu de leur pertinence".

Mais est-il possible d'appliquer la méthode "BBZ" lorsqu'il s'agit d'élaborer le Budget de la France? En effet il s'agit d'un travail particulièrement lourd: "C'est un exercice théoriquement difficile et politiquement très périlleux", a d'ailleurs reconnu Amélie de Montchalin, selon Le Monde. Mais l'idée est toute même de "réinterroger" chaque dépense et "de se demander: en 2025, en 2026, quelles sont nos priorités?", a ajouté la ministre.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco