Le gouvernement table désormais sur 1% de croissance en 2023

L'économie tricolore "résiste". A l'occasion de la présentation du cadrage macroéconomique du projet de loi de finances 2023, Bruno Le Maire a confirmé ce mardi que la France enregistrera une croissance positive l'an prochain, estimée à 1%. Une prévision toutefois inférieure aux dernières projections de Bercy qui tablait sur 1,4% dans son programme de stabilité présenté en juillet.
Le ministre de l'Economie et des Finances a justifié cette révision à la baisse par "les fortes tensions au niveau européen comme au niveau international". "Ces tensions sont liés évidemment à la poursuite de la guerre en Ukraine, aux tensions sur les prix de l'énergie avec une forte volatilité des prix qui perturbe nos entreprises (...) et à la fragilité économique de nos principaux partenaires commerciaux", a-t-il précisé, citant les Etats-Unis, la Chine mais surtout l'Allemagne qui pourrait entrer en récession l'an prochain.
Mais dans "ce contexte économique tendu, la France résiste", a salué le locataire de Bercy, rappelant que "nous avons 2,5% de croissance acquise en 2022", soit un niveau qui dépasse déjà "les prévisions de la plupart des observateurs". Un bilan honorable qui tient en partie au rebond de la consommation et de l'investissement au deuxième trimestre ainsi qu'aux carnets de commandes toujours remplis dans l'industrie.
Inflation revue à 4,2% en 2023
Reste une ombre au tableau: l'inflation. Pour 2022, Bercy table désormais sur une hausse généralisée des prix à la consommation de 5,3% (contre 5,1% prévus dans le programme de stabilité). Quant au ralentissement de l'inflation attendu en 2023, il s'annonce moins prononcé qu'espéré avec une prévision d'inflation fixée à 4,2% (contre 3,3% initialement).
En cause notamment, la fin de la remise sur le carburant et l'instauration d'un bouclier tarifaire sur l'énergie un peu moins généreux en janvier 2023. Les prix du gaz et de l'électricité payés par les consommateurs vont augmenter en moyenne de 10 à 20%.
Cette hausse est totalement assumée par Bruno Le Maire qui a dit avoir "parfaitement conscience" que la fin de ces aides publiques massives "vont conduire à un niveau d'inflation qui restera élevé en décembre 2022, janvier et février 2023". "Nous n'attendons pas d'amélioration sur le front de l'inflation avant le courant de l'année 2023", a poursuivi le ministre de l'Economie.
"Nous continuerons à protéger les ménages et les entreprises dans les situations de crise", a malgré tout assuré Bruno Le Maire en promettant des hausses de prix de l'énergie "contenues" en 2023 pour limiter le choc sur le pouvoir d'achat des Français.
"Le rétablissement des finances publiques n'est pas négociable"
Les aides décidées pour aider les ménages et les entreprises à faire face à la flambée des prix de l'énergie ont pourtant prouvé leur efficacité ces derniers mois. Sans elles, "l'inflation serait deux points plus élevés en 2022", a souligné Bruno Le Maire. Et de poursuivre: "En l'absence de protection, la facture moyenne d'électricité des Français aurait augmenté de 120 euros par mois et celle de gaz de 180 euros par mois".
Mais ces soutiens de plusieurs dizaines de milliards d'euros sont devenus beaucoup trop coûteux pour l'Etat à l'heure où le gouvernement promet des économies. "Je veux le dire avec beaucoup de force, le rétablissement des finances publiques de la France n'est pas négociable", a d'ailleurs insisté le minitre de l'Economie.
A cet égard, les objectifs restent les mêmes: 5% de déficit en 2023 et moins de 3% en 2027. La dette publique, elle, doit commencer à baisser à partir de 2026 alors que la remontée des taux (2,5% à 10 ans en 2023) risque de faire bondir la charge de la dette (42,2 milliards d'euros cette année) dans les années à venir.
"Maintien de la politique de l'offre"
La chasse aux économies est donc lancée. C'est en partie l'objectif des "Dialogues de Bercy" ouverts ce mardi après-midi par Bruno Le Maire et Gabriel Attal en présence de parlementaires de l'opposition pour discuter du budget 2023. Avec une ligne rouge: "ne pas laisser filer la dette, ne pas augmenter les impôts", prévient-on au ministère de l'Economie.
Avant même ces discussions, les deux ministres ont fait des propositions à Emmanuel Macron et Elisabeth Borne pour faire des économies sur les finances publiques. Toutes ont été retenues, mais ne seront définitivement validées et rendues publiques que la semaine prochaine. Une autre mesure a, quant à elle, déjà été annoncée: la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) étalée sur deux ans et non plus en une seule fois. "Nous avons entendu les remarques de la Cour des comptes et d'un certain nombre de parlementaires qui nous ont incité à ralentir la baisse des impôts et à faire en deux fois la suppression de la CVAE", a expliqué Bruno Le Maire.
Cette décision a suscité inquiétudes et critiques du patronat. Une préoccupation "infondée", a réagi le ministre de l'Economie qui a promis un "maintien de la politique de l'offre", "la plus appropriée" pour améliorer la compétitivité et "la mieux à même de donner des résultats en faveur de l'emploi".