"Fort ralentissement", "récession limitée": le gouverneur de la Banque de France pessimiste pour 2023

Les nuages s’accumulent sur l’économie française à l’approche de 2023. Alors que la Banque de France dévoilera la semaine prochaine ses dernières prévisions, son gouverneur, François Villeroy de Galhau, a dessiné ce vendredi une année compliquée à venir.
"Quand nous regardons 2023, fort ralentissement, car [la] facture énergétique pèse. Il y a beaucoup d’incertitudes", a expliqué sur BFM Business François Villeroy de Galhau.
"Un ralentissement significatif"
Des signaux négatifs réitérés par la suite: "Les économies européenne et française seront confrontées l'an prochain à un ralentissement significatif, et nous ne pouvons exclure une récession limitée", a affirmé François Villeroy de Galhau dans un discours prononcé lors d'un évènement organisé à Prague par le think tank européen Eurofi.
Si l'économie française devait se contracter en 2023, une éventuelle récession n'aurait toutefois "rien à voir" avec le recul historique du PIB français en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, a précisé la Banque de France auprès de l'AFP. La récession serait également "limitée dans le temps", souligne-t-on de même source.
Les propos du gouverneur n'en sont pas moins un avertissement, deux jours après que l'Insee a publié sa dernière note de conjoncture dans laquelle l'institut prévoit un ralentissement de la croissance au 3e trimestre (0,2%) avant une stagnation du PIB lors des trois derniers mois de l'année.
La dernière prévision de croissance du gouvernement est de 1,4% pour 2023, mais elle pourrait être révisée à la baisse dans les prochains jours, à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2023 et de la trajectoire budgétaire du gouvernement jusqu'à la fin du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron.
"Une séquence en 3R"
François Villeroy de Galhau semble cependant voir en cette année 2023 un creux plutôt que le début d’un retournement prolongé.
"Voilà la séquence, si j’ose dire en "3R": 2022 résistance, 2023 ralentissement - au moins -et 2024 rebond", a résumé le gouverneur.
La France dispose selon lui d’atouts. "Le point de satisfaction, c’est l’emploi qui résiste plutôt bien et le taux de chômage reste relativement bas. Et c’est un atout pour affronter cette crise", a expliqué François Villeroy de Galhau. Une note positive alors que l’inflation pèse sur les ménages comme les entreprises.
Mais l’année 2022 devrait s’achever dans le calme. "Aujourd’hui en 2022 l’activité résiste plutôt bien, et soyons même clair, mieux que prévu. […] La demande tient bien notamment dans les services, l’été a été en particulier pour le tourisme une très bonne saison. On avait déjà eu une bonne surprise sur la croissance du deuxième trimestre, 0,5(%), et là on s’attend mieux que prévu, à 0,3(%) sur le troisième trimestre, a expliqué François Villeroy de Galhau. Le résultat c’est que sur la croissance 2022, nous avions dit 2,3% au mois de juin, nous publierons nos prévisions la semaine prochaine, nous serons au-dessus de ça. Sur 2022 c’est plutôt une bonne surprise".
