La ministre des Comptes publics estime qu'une absence de budget serait un "aveu d'impuissance collective énorme"

La ministre de l'Action et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a estimé samedi dans une interview accordée à Ouest France que "ne pas avoir de budget serait un aveu d'impuissance collective énorme", alors que le coup d'envoi de la bataille parlementaire autour du budget sera donné ce lundi.
"Ne pas avoir de budget serait un aveu d'impuissance collective énorme. Pas de budget, c'est bloquer la vie des Français et aggraver la crise de confiance", déclare Amélie de Montchalin.
"Un pays sans budget, immobile et impuissant, ne peut pas faire face à de nouvelles crises", ajoute-t-elle. Interrogée sur la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence S&P, qui invoque une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026, Amélie de Montchalin estime que "c'est à nous, dans les prochaines semaines, de nous mettre d'accord pour reprendre en main nos finances publiques et arrêter d'augmenter notre dette dès que possible".
"Dissiper une fausse information"
"L'an prochain, nous devrons 8 milliards de plus à nos créanciers pour payer les intérêts de notre dette. C'est l'équivalent du budget annuel de la gendarmerie", juge la ministre des Comptes publics pour qui "il y a des priorités stratégiques essentielles qui demandent des moyens, comme notre défense, notre sécurité, notre éducation ou notre santé". Concernant la réduction progressive de l'avantage fiscal pour les biocarburants, Amélie de Montchalin reconnaît que "cette mesure fait débat".
"Le gouvernement s'en remettra à la sagesse de l'Assemblée nationale", déclare la ministre, tenant également à "dissiper une fausse information: il n'y a pas de changement prévu sur le malus auto des voitures d'occasion".
Le gouvernement entend également prolonger la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises mais en la divisant par deux car "cette contribution ne devait durer qu'un an", explique Amélie de Montchalin. "Nous la prolongeons car la situation l'exige, mais en demandant moitié moins la deuxième année par rapport à la première", ajoute la ministre.
Censure du gouvernement Barnier
Amélie de Montchalin évalue par ailleurs que la censure du gouvernement Barnier a coûté "en comptant la croissance en moins, les économies que nous n'avons pas pu faire, la désorganisation de nos services publics : au moins 12 milliards d'euros". "Mais l'incertitude nous a coûté tout aussi cher, si ce n'est plus", ajoute-t-elle, "des projets de recrutement, d'investissement, immobiliers ont été repoussés, des investisseurs étrangers ont renoncé à venir en France faute de savoir comment allaient évoluer nos règles... et le taux d'épargne des Français a explosé".