Gabriel Zucman met en garde contre "les méthodes alternatives" pour taxer les riches

L'économiste Gabriel Zucman, à l'origine d'une proposition de taxe sur les ultra-riches écartée vendredi par le Premier ministre Sébastien Lecornu, a mis en garde mercredi contre "les méthodes alternatives" de taxation des plus riches, beaucoup moins efficaces selon lui.
"Les méthodes alternatives qui sont proposées consistent à ne s'attaquer qu'à un petit aspect du problème", a critiqué Gabriel Zucman, interrogé en marge d'un débat à l'Assemblée nationale consacré à la taxation des plus grandes fortunes, auquel était également convié le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz.
Toujours sans gouvernement, Sébastien Lecornu prépare le budget de l'année 2026, au sujet duquel de premières orientations se dessinent, le Premier ministre ayant notamment rejeté vendredi le retour d'un impôt sur la fortune ainsi que la taxation à 2% minimum sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, la "taxe Zucman", que la gauche appelle de ses voeux.
Relèvement de la "flat-tax"
Parmi les options envisagées en revanche sont citées dans la presse un relèvement du prélèvement forfaitaire unique ("flat tax") sur les revenus du capital, actuellement de 30%, une reconduction de la surtaxe d'impôt sur les sociétés appliquée aux plus grandes entreprises en 2025, officiellement pour une seule année, et un rabot du pacte Dutreil sur les transmissions d'entreprises familiales.
"La leçon principale que la communauté scientifique a tirée de l'analyse de l'impôt sur les grandes fortunes tel qu'il a existé historiquement dans plusieurs pays, et d'une façon plus générale de l'imposition des hauts patrimoines, c'est qu'il ne faut pas sous-estimer la créativité des personnes concernées et des personnes qui les conseillent quand il s'agit d'échapper à l'impôt", a estimé Gabriel Zucman.
"Le risque, c'est qu'on va se retrouver avec d'autres formes d'optimisation fiscale. Et c'est pour ça que le mécanisme le plus efficace, c'est le dispositif d'impôt minimum, de taux plancher", a-t-il poursuivi, rappelant qu'avec sa proposition, "à la fin des fins, vous allez devoir payer un minimum incompressible".
L'économiste a en revanche refusé de commenter le récent refus du Premier ministre de ne pas retenir sa proposition de taxation dans le prochain budget, et martelé qu'une taxation minimale sans exonérations était indispensable.
"Dès que vous commencez à créer des déductions, des mécanismes de plafonnement, etc. vous lancez la machine à optimisation", a-t-il lancé, jugeant que "ce sont les exonérations qui ont miné l'impôt de solidarité sur la fortune".