ÉDITO. Combien ont coûté les concessions de François Bayrou au Parti socialiste?

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls à côté du Premier ministre François Bayrou, lors du débat sur la censure du gouvernement à l'Assemblée nationale le 16 janvier 2025 - Thibaud MORITZ © 2019 AFP
En misant sur le soutien du Parti socialiste, François Bayrou signe pour l'instant un pari gagnant. Le nouveau Premier ministre a réussi à éviter sa première motion de censure.
Certes, le suspens était somme toute modéré depuis que le RN avait indiqué qu’il ne la voterait pas. Il est toutefois intéressant de relever que même si le RN l'avait votée, ses 142 voix cumulées aux 131 votes pro-censure recensés jeudi n'aurait pas fait une majorité. Ça veut dire que c’est le PS désormais le faiseur de roi. Plus Marine Le Pen. Ce qui est plutôt bon signe pour la suite de François Bayrou.
Evidemment, ce mouvement a un coût. Pour arriver à décrocher le PS de La France insoumise, le gouvernement a dû faire des concessions. Combien ont-elles coûté?
La réponse n'est pas évidente à trouver. Elle est en partie dans la lettre envoyée par le Premier ministre aux socialistes une heure avant l’ouverture des débats à l’Assemblée jeudi. La missive liste les modifications apportées au budget Barnier depuis la censure, pour tenter d’amadouer le PS.
Une facture "raisonnable"
La liste des concessions est importante. Pas tant côté recettes, les 21 milliards prévus étaient déjà inscrits dans le budget en décembre. La copie fiscale n’a pas bougé. En revanche côté dépenses, c'est une autre histoire. Dressons la liste :
- Réindexation des pensions au 1er janvier: 3,6 milliards d’euros. Mais ce n’est pas vraiment dans le deal avec le PS, plutôt la résultante de la censure votée par le PS;
- Relèvement de l’ONDAM: 1 milliard d'euros;
- Annulation du ticket modérateur sur les consultations médicales: 600 millions d'euros;
- Abandon de deux jours de carences dans la fonction publique: 300 millions d'euros;
- Abandon des baisses de crédits pour l’Outremer: 300 millions d'euros;
- Abandon de la suppression de 4.000 postes d’enseignants et création de 2.000 postes supplémentaires d’AESH: environ 200 millions d'euros;
- Annulation de 500 suppressions de postes à France Travail: entre 15 et 20 millions d'euros.
En comptant la réindexation des retraites, on est à 6,5 milliards d'euros. Mais si on l’enlève, c’est beaucoup plus raisonnable. La facture est plutôt de l’ordre de 2,5 milliards d'euros, sur lesquels Bercy compte récupérer 1 milliard auprès des mutuelles qui ont augmenté leur tarif en vue de la hausse du ticket modérateur, finalement annulé.
La facture est donc raisonnable, moins de 1% des dépenses pilotables de l'État, ce qui n'est pas cher au vu du coût de l’instabilité d’une censure, estimé par l'exécutif à 12 milliards d'euros.