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"Deux ans qu'on ne parle que de ça": la ministre du Travail veut tourner la page des retraites pour parler d'autres sujets importants

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Invitée de la matinale de Franceinfo, Astrid Panosyan-Bouvet a fait part de sa "confiance dans la capacité des partenaires sociaux à trouver les voies de compromis" alors qu'une ultime réunion est prévue le 23 juin.

Le conclave sur les retraites va-t-il aboutir à un accord? Rien n'est moins sûr alors que la CFDT et la CFTC ont annoncé une ultime réunion le 23 juin. De son côté, le gouvernement veut encore croire à une issue positive comme l'a indiqué Astrid Panosyan-Bouvet au micro de Franceinfo mercredi matin. "C'est bien normal que sur des sujets aussi essentiels, les négociateurs consultent d'abord leurs instances et se donnent plus de temps pour travailler sur ce qui est encore en discussion", estime la ministre du Travail et de l'Emploi.

"Je constate qu'il y a eu des avancées très notables sur les femmes ou sur les sujets de pénibilité, évoque-t-elle, rappelant que la condition d'un accord est le retour à l'équilibre du système. [...] Il faut continuer à instruire car des voies de passage sont possibles."

Près de deux ans et demi après la présentation de la réforme Borne, Astrid Panosyan-Bouvet espère "mettre cette question des retraites derrière nous": "Ça fait depuis deux ans qu'on ne parle que de ça et qu'on parle moins de pouvoir d'achat, d'emploi, de compétitivité, de décrochage de l'Europe, de financement de la protection sociale qui est trop assise sur le travail, de formation, de compétences, des jeunes. Je fais confiance dans la capacité des partenaires sociaux à trouver les voies de compromis nécessaires."

"Pour ceux qui sont autour de la table, ils ont envie que ça se conclut. Ce sont des gens de bonne volonté, ils ont fait suffisamment jusqu'ici, pris suffisamment de risques pour pouvoir avancer et trouver les bons compromis d'ici lundi."

"Dépassionner le débat sur la capitalisation"

La ministre du Travail et de l'Emploi a également confirmé l'absence de tabou au sujet de la retraite par capitalisation qui "concerne déjà 15 millions de Français dont 5 millions de fonctionnaires" tout en déplorant que le dispositif concerne en grande majorité les salariés des grandes entreprises dans le secteur privé.

"L'un des acquis de cette démarche entamée par le Premier ministre il y a plusieurs mois est peut-être de dépassionner le débat sur la capitalisation, d'en faire moins un tabou et de se dire que ça peut être un complément à l'image de ce qui existe dans d'autres pays européens", explique-t-elle.

"La base de la retraite en France doit rester naturellement le régime par répartition. Ce n'est pas le premier pilier, ce serait un pilier en complément au même titre que le complément Agir-Arcco. C'est quelque chose qui peut être regardé sans qu'on monte dans les tours."

Enfin, elle s'est opposée à la proposition d'une réduction de moitié de la durée d'indemnisation du chômage lancée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin la semaine dernière. "Ca ferait de la France le pays le moins-disant en termes de durée d'indemnisation. En général, on est entre de 12 et 18 mois, souligne-t-elle. Aujourd'hui sur l'assurance-chômage, on est en train de transposer l'accord qui a été signé par les partenaires sociaux en novembre dernier et qui permet des économies mais aussi de redonner un petit peu d'oxygène pour les primo-arrivants, qui sont en particulier les jeunes au moment de la remontée du chômage."

Timothée Talbi