Des agriculteurs mobilisés à Perpignan contre l'importation de tomates marocaines

Quelques dizaines d'agriculteurs ont organisé jeudi un barrage filtrant à Perpignan pour protester contre les importations de tomates marocaines et défendre "la souveraineté alimentaire" française. Réunis à la barrière de péage de Perpignan-Sud, les manifestants réunis à l'appel de la FDSEA des Pyrénées-Orientales et des Jeunes agriculteurs ont distribué des tracts pour dire "oui à la souveraineté alimentaire des tomates françaises", et contrôlé des camions à la recherche de tomates d'importation.
Ils ont finalement trouvé un véhicule en transportant, et déchargé sa cargaison qui était à destination du marché international Saint-Charles. Ce dernier, dans la périphérie de Perpignan, se revendique sur son site internet comme étant "le premier centre européen de commercialisation, de transport et de logistique en fruits et légumes frais", et est l'une des principales portes d'entrée des tomates marocaines en Europe. "Il y a une distorsion de concurrence dans les importations extra-européennes de tomates marocaines", a expliqué Bruno Vila, président de la FDSEA 66 et de la coopérative Paysans de Rougeline.
"On a un vrai souci avec le coût de main d'œuvre avec le Maroc qui est inférieur de 14 fois au coût du travail en France", a-t-il ajouté, dénonçant également "le problème des règles d'importation qui ne sont pas assez strictes, sur les tomates cerise en particulier" et demandant la révision des "accords entre l'Europe et le Maroc".
La grande distribution appelée à jouer le jeu
Parmi les automobilistes rencontrés au péage de Perpignan Sud, Élise reconnaît acheter des tomates marocaines car "les temps sont durs": "Avec le pouvoir d'achat qu'on a, c'est vrai que c'est pas facile pour nous Français qui n'avons pas beaucoup de moyens. On préfère prendre moins cher que plus cher." Annie juge quant à elle légitime la colère des producteurs français et se dit "à 100% avec eux parce que je trouve que leurs conditions de vie sont difficiles", dénonçant "une concurrence déloyale".
Producteur de tomates en Bretagne, Ronan Collet a également fait le déplacement et demande à la grande distribution de jouer le jeu comme il l'explique au micro de BFMTV : "On les voit très souvent dans les médias nous expliquer qu'ils sont là pour la souveraineté alimentaire, pour défendre les producteurs et les consommateurs mais au final, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de tomates marocaines dans les magasins et on sait qu'ils font des marges énormes dessus."
Les Marocains estiment que leur tomate sert de "bouc émissaire"
Les agriculteurs déplorent effectivement un "problème d'étiquetage sur l'origine qui est actuellement invisible pour les consommateurs" et appellent les distributeurs à soutenir les producteurs européens, regrettant que les tomates marocaines se retrouvent "sur les étals 12 mois sur 12, même lorsqu'on est en période de production en France".
Youssef Alaoui, secrétaire général de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), a estimé que la tomate du Maroc faisait office de "bouc émissaire" dans la crise agricole française. "Nous sommes parfaitement dans le respect total de ce qui est édicté par l'Union européenne, sinon nos produits n'arriveraient pas sur le marché", a-t-il fait valoir.
"Il y a des choses que savent très bien faire les Français et que nous importons, il y a des choses que l'on fait très bien et dont le consommateur européen est demandeur, de part et d'autre les accords commerciaux devraient être respectés", a-t-il ajouté.