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De 8,1% de déficit en 2022 à 3% en 2025: l'Italie de Meloni pense être dans les critères de Maastricht dès cette année (mais sa croissance est anémique)

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L'Italie est en avance sa trajectoire: elle prévoit de tenir l'objectif européen de 3% de déficit public dès cette année (contre 2029 au mieux pour le France). Mais la prévision de croissance est très faible.

L'Italie a revu ses prévisions de croissance à la baisse mais prévoit d'amener son déficit public près de l'objectif européen de 3% du PIB dès cette année, a annoncé jeudi le ministère de l'Economie.

Le gouvernement a légèrement abaissé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour l'année 2025 à 0,5%, contre 0,6% prévu précédemment, et 0,7% pour 2026, contre 0,8% jusqu'ici, selon les prévisions de finances publiques approuvées jeudi en conseil des ministres.

"Ces données sont basées sur des estimations très prudentes qui, à ce stade, sont également influencées par le contexte géopolitique international", prévient le ministère.

Les prévisions précédentes intégraient déjà une baisse des exportations liée aux nouveaux droits de douane américains, alors que l'Italie est le troisième exportateur européens vers les Etats-Unis.

Politique de rigueur budgétaire

Le déficit public, lui, est "actuellement" de 3% pour 2025 et devrait atteindre 2,8% en 2026, selon le ministère. L'Italie pourrait ainsi respecter le plafond de 3% fixé par le Pacte de stabilité et de croissance européen. Elle échapperait alors aux mesures de surveillance de la Commission européenne pour déficit public excessif, qui concernent aussi bien la France que la Belgique ou la Hongrie.

Pour rappel, le déficit public italien était encore de 8,1% du PIB en 2022 et de 7,2% en 2023. Et après un déficit s'affichant à 3,4% du PIB en 2024, le gouvernement italien prévoyait jusqu'ici un déficit de 3,3% en 2025 et 2,8% en 2026 et 2027. Le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni a mené au cours des deux dernières années une politique de rigueur budgétaire. Le pays, longtemps jugé trop dépensier, a divisé son déficit public par deux en seulement un an.

L'Italie reste cependant bien plus endettée que d'autres pays européens comme la France, à 135% du produit intérieur brut (PIB) contre 114% pour sa voisine. Et ses perspectives à moyen terme sont maussades, avec une faible productivité et une population vieillissante.

Le gouvernement doit présenter ces prévisions le 9 octobre aux parlementaires italiens, avant qu'elles ne soient transmises à la Commission européenne. Il doit également proposer un budget dans les prochaines semaines.

Une "croissance anémique"

Le ministère de l'Economie n'a pas détaillé jeudi les économies qu'il souhaitait faire. Il a indiqué cependant qu'il prévoyait notamment dans ce budget de "réduire le poids de la fiscalité sur les revenus du travail", "stimuler les investissements des entreprises" et "augmenter des mesures de soutien à la natalité".

L'agence de notation Fitch avait déjà relevé mi-septembre la note souveraine de l'Italie de BBB à BBB+ "pour refléter une confiance accrue dans la trajectoire budgétaire" du pays, une semaine après avoir abaissé la note de la France.

Le syndicat patronal italien Confindustria a confirmé jeudi dans ses propres prévisions que l'économie italienne devrait rester "anémique", avec ces mêmes prévisions de croissance de 0,5% pour 2025 et 0,7% pour 2026.

L'économie a notamment marqué un "coup d'arrêt" au 2e trimestre 2025, quand le PIB a reculé de 0,1% avec la baisse des exportations, selon le centre d'études de Confindustria (CSC).

Le CSC reste pessimiste à cause du "bond des barrières douanières américaines sur les produits européens et de l'aggravation des tensions géopolitiques mondiales (...) Les perspectives ne sont pas bonnes, étant donné que l'activité industrielle européenne doit se rétablir petit à petit et que les freins protectionnistes et géopolitiques semblent durables".

"La croissance anémique du PIB prévue pour cette année et l'année prochaine doit pousser l'Italie à se mobiliser", en favorisant les investissements mais aussi en faisant appel à l'épargne des ménages italiens, demande le CSC.

MC avec AFP