Casino: les syndicats obtiennent un rendez-vous avec la direction

Quelques heures après le début d'une mobilisation à Saint-Étienne, autour du siège historique de Casino et à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), au siège de Franprix (filiale du groupe), la direction fait savoir qu'elle a pris date avec les syndicats, qui le réclamaient depuis cet été. Ce matin encore, sur BFM Business, l'une des porte-parole de l'intersyndicale, qui a déposé un préavis de grève à partir de ce mardi et jusqu'au 31 décembre, assurait ne pas avoir eu de réponse. Nathalie Devienne expliquait que les salariés voulaient savoir "si le groupe allait continuer à exister tel quel, s'il allait y avoir un démantèlement ou pas et si les sièges sociaux et les entrepôts allaient disparaître."
Dans le viseur des salariés, aussi, la date du 11 décembre. Le tribunal de commerce de Paris doit alors dire s'il renouvelle de deux mois la procédure de sauvegarde accélérée dans laquelle est engagée Casino. Compte-tenu de la situation du groupe, les syndicats craignent que cela ne soit pas le cas.
D'après Nathalie Devienne, ils ne sont "pas du tout rassurés" par les déclarations d'un porte-parole du repreneur Daniel Kretinsky, qui assurait la semaine dernière à l'AFP qu'il était "attaché au maintien d'un siège à Saint-Étienne". Daniel Kretinsky et son consortium doivent reprendre les rênes du distributeur en difficulté en mars prochain.
Il est prévu qu'ils soient aussi présents à la réunion, jeudi, avec les syndicats, à Paris, nous dit une source. "Normalement, il y aura la direction de Casino et les repreneurs, comme demandé [par les syndicats]", précise-t-elle. Une source proche des syndicats nous explique n'avoir "aucune confirmation sur les personnes du consortium qui seront présentes." Contactée par BFM Business, l'équipe de Daniel Kretinsky n'a pas encore répondu.
Les syndicats veulent voir Daniel Kretinsky
C'est lui, surtout, que veulent voir les représentants des salariés, selon Nathalie Devienne. "Le plus important, c'est les repreneurs", a-t-elle martelé sur BFM Business. "C'est eux qui vont apporter 1,2 milliard d'euros et qui demandent depuis quelques jours des chiffres d'affaires pour voir s'il y a une évolution" a-t-elle poursuivi, en précisant: "On a plusieurs fois essayé de joindre Daniel Kretinsky pour lui dire que sept mois de silence et pas d'investissements dans les magasins qui restaient, ce n'était pas possible."
Interrogée en fin de semaine dernière par BFM Business, une source proche de Jean-Charles Naouri, qui est encore le patron de Casino, expliquait qu'il comprenait "les interrogations légitimes des syndicats et plus globalement des salariés".
Le dossier prend une tournure de plus en plus politique. Après une manifestation organisée aujourd'hui jusqu'à l'Hôtel de Ville de Saint-Étienne, où le groupe est implanté depuis 125 ans, les représentants de l'intersyndicale devaient rencontrer le maire.
Du côté de Bercy, où l'on continue de suivre l'évolution de ce dossier, on nous rappelait il y a quelques jours ce que le ministre de l'Économie et des Finances avait dit cet été. En juillet, il s'était dit "vigilant" au maintien des engagements qui avaient été pris, "sur l'emploi" et sur le maintien du "siège à Saint-Étienne." Selon une source proche du dossier, "Bruno Le Maire n'a pas changé d'avis."