Allongement du temps de travail: quelles pistes pour l'exécutif?

Emmanuel Macron à l'Élysée le 12 avril 2019 - Ludovic Marin - POOL - AF
Avortée en raison de l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris lundi soir, l’intervention d’Emmanuel Macron prévue à 20 heures et enregistrée quelques heures auparavant ne sera jamais diffusée à la télévision. Une annulation de dernière minute qui laisse les Français dans l’attente de réponses après quatre mois de grand débat national.
Mardi, le chef de l’État a toutefois assuré qu’il "reviendrait" vers les Français dans "les jours prochains" pour présenter ses mesures. Mais la fuite de son discours dans la presse a d’ores et déjà permis d’obtenir un avant-goût des annonces prévues par le locataire de l’Élysée. Même si nombre d’entre elles demeurent floues sur le papier, à l’image de l’allongement du temps de travail.
En effet, si l’exécutif envisage d’allonger le temps de travail notamment pour financer la dépendance, aucune précision n’est apportée sur la façon dont il pourrait s'y prendre. Or, plusieurs pistes sont envisageables.
Supprimer des jours fériés
Parmi les possibilités pour faire en sorte que les Français travaillent plus, le gouvernement pourrait se prononcer en faveur de la suppression d’un ou plusieurs jours fériés. Une décision qui permettrait de renflouer les caisses de l’État puisque chaque jour férié supprimé rapporterait environ deux milliards d’euros de cotisation.
L’idée d’un second jour de solidarité a également été évoquée par le passé. En 2018, le lundi de Pentecôte travaillé qui permet de financer le maintien dans l’autonomie des personnes âgées et handicapées a permis de rapporter plus de 2 milliards d’euros.
La France compte actuellement onze jours fériés et se trouve donc dans la moyenne européenne. Chypre, la Slovaquie et la Bulgarie figurent en tête du classement avec quinze jours fériés. À l’inverse du Portugal et du Royaume-Uni qui en ont huit.
Allonger la durée de cotisation
C’est l’option qui semble privilégiée par le gouvernement avec la mise en place d’un système de retraite par points. Dans le système actuel, un salarié né après 1973 doit avoir cotisé entre 172 trimestres (43 ans) pour pouvoir partir à 62 ans avec une pension complète. Faute de quoi, il devra continuer à travailler ou à vivre plus longtemps des allocations chômage s'il est demandeur d'emploi.
Mais l’exécutif pourrait envisager d’inciter les Français à travailler plus longtemps. Une mesure qui présente l’avantage de ne pas toucher au totem de l’âge légal de départ en retraite fixé à 62 ans. Dans un document de travail du Haut-commissaire à la réforme des retraites, il est notamment précisé que les futurs retraités liquidant leurs droits après 62 ans pourraient bénéficier d'un "coefficient majorant" leur pension de 3% à 5% par année de travail supplémentaire. Un bonus donc. Un an supplémentaire travailler permettait de rapporter 10 milliards d’euros.
Revenir sur les 35 heures
Revoilà le serpent de mer des 35 heures. Depuis l’annonce de la volonté du gouvernement d’allonger le temps de travail, beaucoup s’inquiètent de la possible remise en cause du temps de travail hebdomadaire légal. Or, cette option figure effectivement parmi les solutions possibles.
Reste à savoir si le gouvernement osera toucher aux 35 heures et monter à 37, voire 39 heures. Car cette mesure pourrait bien être encore plus impopulaire que les deux précédentes. D’autant que les personnes actuellement à 35 heures et qui travaillent davantage bénéficient du régime avantageux des heures supplémentaires qui accorde une majoration de salaire. Or, le risque en relevant le temps de travail légal est de faire perdre du pouvoir d’achat à ces mêmes travailleurs.
L'idée d'allonger le temps de travail n'est pas nouvelle chez Emmanuel Macron. Alors ministre de l'Économie en 2015, il s'était rendu à l'Université d'été du Medef, déclarant: "La gauche a pu croire que la France irait mieux en travaillant moins. C'était une fausse idée".