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Des maisons d'édition indépendantes dénoncent le "mégagroupe" que prépare Vincent Bolloré

Vincent Bolloré le 19 avril 2018 à Paris.

Vincent Bolloré le 19 avril 2018 à Paris. - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Vincent Bolloré, qui contrôle déjà le numéro un de l'édition sur le marché français, Editis, est en train de mettre la main sur Hachette, numéro deux du secteur.

Quatre dirigeantes de maisons d'édition indépendantes ont dénoncé lundi dans une tribune publiée par Le Monde le "mégagroupe" que prépare le milliardaire Vincent Bolloré avec l'acquisition de Lagardère et sa filiale Hachette Livres. Vincent Bolloré, via son groupe Vivendi, contrôle déjà le numéro un de l'édition sur le marché français, Editis, et est en train de mettre la main sur Hachette, numéro deux, en ayant pris la majorité de Lagardère grâce à une offre publique d'achat.

"Ce mégagroupe, tel qu'il se dessine aujourd'hui, romprait totalement l'équilibre du marché et mettrait en péril toute l'édition indépendante", écrivent ces dirigeantes. Il s'agit de Liana Levi et Sabine Wespieser, qui ont fondé une maison d'édition à leur nom, Colette Olive (Éditions Verdier), et Laure Leroy (Editions Zulma). Les règles européennes de la concurrence vont obliger Vivendi à céder des activités dans ce secteur, soit actuellement détenues, soit nouvellement acquises.

Crainte d'une trop grande influence

Mais pour les signataires de la tribune, Editis et Hachette risquent d'avoir, en fusionnant, une influence démesurée dans de nombreux segments de la filière. Elles citent la "diffusion-distribution", l'"impression et fabrication", la "prescription médiatique" et la rémunération des auteurs. "Face à ce mégagroupe, il va sans dire que nous n'aurions plus les moyens de soutenir les auteurs les plus exigeants, qui sont pourtant la fierté et l'avenir de nos catalogues", estiment ces éditrices.

Elles redoutent "une édition où le lecteur se verrait considéré comme un consommateur d'oeuvres standardisées et où pluralisme éditorial et création littéraire seraient, peu à peu, appelés à disparaître". Le secteur attend l'annonce dans les prochains mois des décisions de Vivendi pour convaincre la Commission européenne qu'il n'occupera pas une position dominante sur le marché de l'édition en France. Le groupe ne laisse rien filtrer à ce sujet.

J. Br. avec AFP