Dépenses: les Français se lâchent

Quel effet sur l’économie aura le nouveau desserrement des contraintes sanitaires? A voir l’ampleur du rebond de l’économie après les assouplissements accordés le 19 mai, il y a vraiment de quoi être optimiste. Invité de Jean-Jacques Bourdin, ce mercredi, sur BFMTV et RMC, Bruno Le Maire, soulignait que durant la dernière semaine de mai, les paiements par carte bancaire avaient augmenté de 15%... par rapport à la même semaine de 2019.

La consommation se situe donc à un niveau largement supérieur à la normale. Et ce sursaut a été encore plus puissant la semaine précédente (+20% selon Bercy). Il faut évidemment s’attendre à un effritement, que la possibilité offerte aux activités économiques contrariées ces derniers mois n’atténuera qu’à la marge. Une partie des dépenses mises en avant par le ministre de l’Economie sont en effet liées à des achats que les Français avaient été contraints de reporter.
Les jardineries ont fait un début d'année exceptionnel
C’est le cas par exemple, pour le secteur de l’habillement où la hausse des dépenses par rapport à 2019 se situe bien au-dessus de la moyenne. On observe également une forme de rattrapage, par rapport à des plaisirs jusqu’alors prohibés : déjeuner ou dîner au restaurant ou faire du sport en salle. Les abonnements repartent de plus belle. On est presque deux fois au-dessus des encaissements observés il y a deux ans à la même époque. Mais il est vrai que le mois de mai n’est habituellement pas le moment de l’année où les inscriptions dans les salles de sport sont les plus nombreuses.
Ce rebond fait en tout cas suite à ceux qu’ont déjà connu d’autres secteurs comme par exemple les jardineries. Avec là encore des hausses spectaculaires. Sur les quatre premiers mois de l’année, les jardineries ont vu leurs ventes s’envoler (+46% pour plantes d’intérieur, + 67% pour les pots…).
Vers une forte hausse des prix dans l'alimentaire?
Tous ces signaux laissent augurer une croissance exceptionnelle pour 2021. Bruno Le Maire table toujours sur 5%, par prudence, au cas où un variant du virus obligerait à un nouveau reconfinement. Mais comme ce rebond est mondial et qu’il intervient après des coups d’arrêts brutaux, on observe dans la plupart des secteurs, une forme d’engorgement à l’origine de pénuries, et donc de hausses de prix.
Pour le moment, elle touche assez peu les consommateurs. Mais ces répercussions sont inéluctables. L’association qui regroupe les industriels de l’agro-alimentaire (Ania) demande déjà à la grande distribution d’accepter une hausse moyenne de 9% des prix de ses produits pour compenser l’envolée des cours d’une grande partie des matières premières qu’elle utilise : sucre, blé, huile, mais aussi les emballages.
Cette tendance est-elle partie pour durer ou s’agit-il juste d’un emballement momentané? Pour le moment, sur ce sujet, les économistes sont très divisés. Mais la question de l’inflation commence à hanter les esprits. Y compris sur les marchés financiers qui scrutent de près toutes les statistiques publiées à ce sujet.
