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Coronavirus: les traders new yorkais tiraillés entre ville et campagne

Gregori Volokhine, gestionnaire d'actifs pour Meschaeert Capital, intervient aussi régulièrement sur BFM Business.

Gregori Volokhine, gestionnaire d'actifs pour Meschaeert Capital, intervient aussi régulièrement sur BFM Business. - BFM Business

Alors que l’Etat de New York a décrété la cessation de toute activité non-essentielle pour enrayer l’épidémie, les gestionnaires d’actifs hésitent entre rester en ville au cas où ils pourraient se rendre au travail, ou aller se confiner au vert.

Il a prévu de passer le week-end à la campagne mais Gregori Volokhine, financier new-yorkais, se demande s'il ne va pas prolonger son séjour au moment où la "ville-qui-ne-dort-jamais" s'apprête à s'assoupir en raison du coronavirus.

Le gouverneur de l'Etat de New York Andrew Cuomo a décrété vendredi l'arrêt de toutes les activités non essentielles pour endiguer la pandémie."Si je peux aller au bureau, j'irai. Mais peut-être que l'immeuble sera fermé. Peut-être vont-ils bloquer l'ascenseur", s'interroge Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuilles d'actifs.

Wall Street a fermé son plancher

Son employeur, Meeschaert Financial Services, lui a installé un accès aux serveurs à distance, de sorte qu'il peut passer de chez lui ses ordres d'achat et de vente de titres financiers. Il dispose aussi, sur son téléphone portable, d'un accès au terminal d'informations Bloomberg, le bréviaire des salles de marchés.

Si les banques, un des poumons économiques de New York, ont été exemptées des restrictions officielles, nombreux sont les banquiers et traders, comme Gregori Volokhine, qui se demandent s'ils reviendront au bureau de sitôt.

La Bourse de New York a déjà fermé cette semaine son célèbre parquet: les échanges ne s'effectuent donc plus qu'électroniquement. "Nous avons mis en oeuvre des plans de continuité de l'activité, et elle se poursuit sans gros problème", a expliqué une porte-parole de Citigroup. "Nous allons continuer à surveiller la situation et adapterons nos opérations afin de fournir un environnement de travail le plus sûr possible à nos collègues", a-t-elle ajouté.

Des traders vedettes suréquipés à domicile

Les grandes firmes de Wall Street se préparent depuis plusieurs semaines à cette hypothèse d'une ville à l'arrêt. De JPMorgan Chase à Goldman Sachs en passant par Bank of America Merill Lynch, Citigroup et Morgan Stanley, un grand nombre de salariés sont déjà en télétravail chez eux ou sur des sites de secours à Brooklyn et dans le New Jersey.

Une partie des traders et des forces de ventes de Morgan Stanley se sont notamment installés sur des sites de secours de la banque d'affaires à New York, selon une source proche du dossier.

Ces établissements ont par exemple recréé les environnements de salle de marché au domicile de traders vedettes en y installant des ordinateurs supplémentaires, avaient déjà expliqué début mars des sources bancaires.

Des banquiers très sollicités

Des vidéoconférences et autres discussions par des applications de messagerie interne sont très utilisées pour rester en contact avec les clients, dit-on auprès d'une banque.

Dans l'ensemble, seul un petit nombre de banquiers et traders se rend encore au bureau, notamment les banquiers et traders jugés "indispensables", dont ceux spécialistes du marché de la dette.

Les banquiers qui aident les entreprises à lever de l'argent frais sont très sollicités en cette période d'incertitudes, marquée par un resserrement du robinet du crédit.

"Il y a une grosse activité sur le marché de la dette. Les choses ont clairement ralenti dans les fusions-acquisitions. C'est pareil sur les autres activités", résume un banquier, travaillant sur les opérations de syndication financière, c'est-à-dire un regroupement de plusieurs banques pour réaliser une transaction portant sur des crédits et des émissions obligataires.

N.G. avec AFP