Vin: la filière "prend de plein fouet" le dérèglement climatique

Jean-Marie Fabre appelle à la prudence. Au lendemain de la publication des chiffres du service statistique du ministère, Agreste, qui font état d'une production française de vin "au niveau de la moyenne" pour 2023, le président des Vignerons indépendants de France a tenu à apporter un peu de perspective.
"Je pense qu'on est en situation de sous-commercialisation, a-t-il insisté au micro de BFM Business ce matin. Il y aura certainement une adaptation de certains produits et il y aura avant tout un marché de grand export qui est celui qui aspire le plus et qui doit être le salut du viticole français: il est l'un des principaux secteurs économiques de ce pays."
Le représentant des Vignerons indépendants de l'Hexagone estime ainsi que la filière viticole française paye encore les conséquences des années Covid et plus récemment de l'inflation durable qui frappe l'économie mondiale. "Il y a des vignerons et des viticulteurs qui ont encore des volumes en stocks car le marché est en retrait sur notre pays et que les conditions de grand export ont été perturbées", analyse-t-il.
Un appel à l'Etat et aux assureurs face au dérèglement climatique
Alors que la baisse drastique de la consommation française de vin au cours du dernier demi-siècle est souvent mise en avant, Jean-Marie Fabre estime qu'elle est compensée par les relais de croissance des produits à l'international. "Dans les années 60, on était sur un vin alimentaire alors qu'aujourd'hui, on est sur un vin plaisir, explique-t-il. Le produit vin est toujours à part dans l'esprit, la consommation et l'affect. Le vin est synonyme d'une société qui s'émancipe".
Pour Jean-Marie Fabre, la baisse de la consommation en France ne se retrouve pas à l'export.
"Seul l'aéronautique européen fait mieux que notre secteur qui emploie entre 6000 et 7000 personnes en France."
Les prévisions d'une production viticole autour de 45 millions d'hectolitres restent conditionnées aux conséquences finales des attaques de mildiou dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest. Cette maladie, qui résulte de l'association au printemps de températures élevées et d'orages accompagnées de fortes pluies, est symptomatique du dérèglement climatique que la filière "prend de plein fouet" selon Jean-Marie Fabre.
"Notre capacité à nous adapter est limitée, déplore le président des Vignerons indépendants de France. Il faut travailler sur la R&D et surtout demander au gouvernement de nous accompagner en investissant sur les outils en amont."
Surtout, le représentant des acteurs indépendants du secteur sollicite des actions des compagnies d'assurance afin que leur "dispositif assurantiel soit le plus performant possible" face à cette "problématique supplémentaire". "On demande aux assureurs d'accompagner le traitement de ces maladies qui sont une conséquence directe du dérèglement climatique."