BFM Business
Conso

Réouverture de l'économie: les consommateurs seront-ils au rendez-vous?

placeholder video
Si les restaurants et commerces rouvrent leurs portes ce mercredi, l'incertitude demeure sur le comportement des ménages dans les prochains mois, et en particulier sur l'utilisation qu'ils feront de l'épargne accumulée depuis le début de la crise sanitaire.

Avec la réouverture des commerces dits "non essentiels", des terrasses des bars et restaurants, des cinémas ou encore des salles de spectacle, l'économie française tourneraaux alentours de 96% de ses capacités, contre 93% auparavant. A compter du 9 juin, l'étau se desserera davantage avec le retour des clients dans les salles des restaurants et la reprise des congrès et salons. Si bien que l'activité devrait retrouver à cette date un niveau proche de celui qui était le sien avant la crise.

Reste malgré tout une inconnue: si l'offre va s'intensifier, qu'en sera-t-il de la demande? La question est centrale, car une reprise vigoureuse de l'économie tricolore passera nécessairement par un rebond massif et durable de la consommation des ménages.

Des envies de restaurants et de voyage

Une enquête Elabe réalisée début mai pour BFMTV apporte quelques éléments de réponses. Interrogés sur leurs priorités au moment du déconfinement, la moitié des Français (49%) disent d'abord vouloir retourner au restaurant et un sondé sur cinq (20%) prévoit d'y aller plus souvent qu'avant le début de la crise.

En second lieu, les Français rêvent de voyage. Le départ en vacances est une priorité pour 37% d'entre eux. De quoi rendre le secteur du tourisme raisonnablement optimiste. Enfin, 36% des personnes interrogées attendent avec impatience de partager un moment avec leurs proches et 19% veulent retourner au théâtre, au cinéma ou au musée.

L'éternelle inconnue de "l'épargne Covid"

Si ces signaux sont plutôt positifs, il existe deux freins à un rebond massif des dépenses des ménages. Certes, les Français ont accumulé près de 120 milliards d'euros de "surépargne" depuis le début de la pandémie de Covid-19. Une somme que le gouvernement espère voir, au moins en partie, être réinjectée dans l'économie réelle une fois les restrictions sanitaires levées.

Seulement voilà, 70% de cette manne cruciale à la reprise repose sur les comptes des 20% des Français les plus aisés. Autrement dit, ceux qui n'ont pas souffert de la crise et qui n'ont pas un besoin fondamental de dépenser davantage. A l'inverse, les ménages qui ont vu leurs revenus baisser ces derniers mois et qui ont plus besoin de dépenser ont très peu, voire pas, épargné.

Autre inquiétude: jamais l'opportunité d'épargner n'a été considérée comme aussi importante pour les Français ces derniers mois. Car si l'épargne Covid comprend une partie d'épargne "forcée" en raison de la fermeture des commerces, une autre relève d'une épargne de précaution, en prévision d'une éventuelle nouvelle dégradation de la situation sanitaire et économique.

Une reprise de la consommation "en deux temps"?

Au final, "il est possible qu'on ait un redémarrage de la consommation en deux temps", analyse Emmanuel Lechypre, éditorialiste de BFM Business. Selon lui, "il va y avoir une frénésie" de dépenses dans les semaines qui viennent, les Français se précipitant notamment dans les restaurants et les magasins d'habillement.

Ensuite, "les Français vont attendre de voir ce qu'il va se passer à la rentrée. Si on a d'ici-là de bonnes surprises sur le plan de l'épidémie, qu'il n'y a pas de quatrième vague et qu'on a l'impression que la crise est derrière nous, il y aura un vrai mouvement de consommation et une libération de cette épargne accumulée qui laisse présager un très bel automne", explique Emmanuel Lechypre.
Emmanuel Lechypre avec Paul Louis