Les dépenses alimentaires des Français enregistrent leur plus fort recul depuis 1960
Les Français à l’heure des privations. Avec l’inflation, les consommateurs se serrent plus que jamais la ceinture et l’Insee a qualifié d’historique le recul de la consommation alimentaire en 2022.
L’institut statistique a mesuré un recul de 4,6% des dépenses alimentaires en 2022. Une décrue que l’Insee n’avait jamais constaté ces 60 dernières années, depuis qu’elle tient ses séries statistiques.
Une baisse, certes, avait été mesurée en 2021, mais elle n'était que de 0,8% et était notamment liée à la réouverture des restaurants après les confinements.
L’année dernière, les dépenses en produits alimentaires ont en revanche diminué tant en volumes qu’en valeur et ce durant quatre trimestres consécutifs. Elle s’est même accélérée au dernier trimestre (-2,8%) malgré les fêtes de fin d’année.
Retour au niveau de 2010
Cette décroissance a même été encore plus forte si on retire les effets de l'inflation sur la valeur des produits achetés. Comme en témoigne cette courbe très explicite réalisée par l’économiste Nicolas Goetzmann.
Il a pris les dépenses de consommation alimentaire des Français aux prix de l'année précédente. On constate alors une baisse non plus de 4,6 mais de 9,1% en 2022. Ce qui ramène la France au niveau de l'année 2010 en terme de dépenses alimentaires. Or 12 ans plus tôt, le pays comptait 3 millions d'habitants de moins qu'aujourd'hui et un PIB par tête inférieur à notre nniveau actuel.
Le choc de l'inflation sur la consommation a donc été exceptionnel l'année dernière. Et pour l'heure, 2023 ne montre toujours pas de signe de décrue. Selon Iri, après des hausses de 12% en novembre et de 12,6% en décembre, les prix ont continué de flamber en janvier dans la grande distribution avec une hausse de 13,73% sur un an, battant de plus d'un point ses précédents records.
Lidl et Système U n'attendent pas le gouvernement
A quelques semaines de la fin des négciations commerciales entre industriels et distributeurs qui devraient aboutir à de nouvelles hausses, il y a donc urgence à tenter de limiter la hausse des prix de l’alimentaire.
D'où l’insistance du gouvernement à lancer ses paniers anti-inflation. Certaines enseignes ont d'ailleurs pris les devants en annonçant leurs offres, un peu en ordre dispersé. Le groupe Système U propose 150 produits à prix coûtant sous sa marque de distributeur. On y trouve de la farine, des pâtes, de l'huile, du café, du lait ou encore des yaourts. De son côté, Lidl a dévoilé ce mercredi sur BFMTV son panier pour le 1er mars. Il sera composé de 50 produits, davantage que la vingtaine prônée initialement par la ministre Olivia Gregoire dans les colonnes du Parisien qui depuis a également mis en avant un panier contenant une cinquantaine de produits.
"J'avais dit que vingt, c'était trop peu [...] il faut prendre les produits qu'on retrouve le plus dans le placard des Français", a précisé Michel Biero, le directeur exécutif des achats et marketing de Lidl France assurant qu'"il y aura du bio dans notre panier".
Des initiatives pour soulager les porte-monnaies des Français mais qui ne suffiront probablement pas à relancer la croissance alimentaire.
