Les billets de TGV coûtent-il vraiment de moins en moins cher?

Des prix des billets “globalement” en baisse, c'est ce qu'affirme la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui admet une hausse "pour les billets achetés à la dernière minute". Alors qu'en est-il? Les TGV coûte-t-il de moins en moins en cher?
Les voyageurs ont l’impression du contraire. Le problème c'est que le débat est très difficile à trancher et ce pour une raison simple: la SNCF ne met pas ses tarifs en accès libre pour des raisons concurrentielles.
Pourtant, lorsqu’on l'interroge la SNCF assure que le panier moyen (le prix moyen du billet de TGV payé par les voyageurs) a bien baissé depuis 4 ans. Il était de 50 euros en 2014, il serait de 47 euros en 2018, soit une baisse de 6% en 4 ans.
Globalement... ça baisse
Le TGV coûte donc bien en moyenne moins cher depuis quelques années. Et c'est grâce notamment aux TGV low-cost, les fameux OuiGo qui se sont fortement développés ces dernières années. Le low-cost version SNCF, c’est un matériel plus ancien, 25% de passagers en plus par train, pas de service à bord, des suppléments bagages et prises électriques. Résultat: des billets vendus parfois pour moins de 25 euros qui font baisser le prix moyen.
Mais le OuiGo est-il l’arbre qui cache la forêt? Le TGV classique est-il lui de plus en plus cher? Là encore difficile de trancher en l’absence de tarifs communiqués par la SNCF. Il faut y prendre les tarifs des lignes au cas par cas, selon l'association des usagers des transports. Néanmoins on peut prendre quelques exemples : le Paris-Marseille plein tarif coûtait 120 euros en 2015, il est à 116 euros aujourd’hui. Autre exemple: un Nice-Paris avec la carte 12-25 acheté quelques semaines à l’avance pour le mois d’août coûtait 65 euros en 2014 contre 66 euros pour ce mois d’août 2019. Donc sur ces lignes très fréquentées, la tarif des billets ne semble pas flamber il est vrai.
Le grand flou de la tarification
Pourquoi alors ce sentiment d'inflation des prix du TGV? D’abord parce que les tarifs sont très peu lisibles, ensuite parce que les écarts de prix sont très importants pour un même trajet (un Paris-Marseille peut coûter entre 16 et 116 euros en seconde a par exemple a relevé le journaliste Yann Guégan qui a tenté d’analyser les tarifs SNCF).
Et tout ça à cause de la demande qui explose. Depuis le début des années 90, la SNCF a adopté la stratégie commerciale des compagnies aériennes: le yield management. Plus la demande est importante, plus les billets sont achetés à la dernière minute et plus les prix sont élevés. Or comme le nombre de voyageurs augmente chaque année notamment sur les axes très prisés que sont Paris – le sud de la France, on se retrouve parfois avec des tarifs qui dépassent allègrement les 200 euros pour des week-end. A ce prix-là l’avion devient plus intéressant.
