Le confinement a signé le retour en force des produits surgelés

Les produits surgelés ont enregistré une croissance de 27% pendant le confinement - JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Après des années de recul, le marché des produits surgelés se relance. En mars et avril, ses ventes ont bondi de près de 30% en valeur, selon une étude du panéliste Nielsen. C'est certes moins que la croissance enregistrée par les conserves (+58%) en mars mais celle-ci a nettement ralenti le mois suivant (+23% sur les deux mois) contrairement à celle du rayon surgelés qui est restée stable (+27%). Leader du secteur, Picard a pour sa part vu ses ventes progresser de 28% de la mi-mars à la mi-avril. Sans compter les livraisons à domicile.
Bien entendu, ces évolutions impressionnantes ne sont pas le fruit du hasard. Les huit semaines de confinement ont bouleversé les habitudes des consommateurs qui ont limité la fréquence de leurs courses en optimisant leurs déplacements via des plus gros paniers. D’où le succès des produits d’épicerie comme les pâtes ou les conserves qui ont été stockés en masse, mais aussi des surgelés salés.
Et la tendance devrait se poursuivre car si une partie des Français a pu reprendre un mode de vie presque normal avec le déconfinement, "la plupart d’entre eux va rester confinée partiellement lors des prochains mois, le temps que le pays voit son activité relancée", et donc conserver ces nouvelles habitudes, prédit l’institut Nielsen.
Le surgelé devant le frais
Si le rayon surgelés a eu légèrement plus de succès que celui des produits du placard, c’est aussi parce que les Français sont de plus en plus friands de produits frais:
"En 10 ans, la part des produits du réfrigérateur dans la consommation a progressé de près de 6 points, au détriment de ceux du placard. Cette tendance à consommer des produits frais explique sans doute en partie l’appétence des produits surgelés au détriment des conserves stockées dans les placards", analyse Nicolas Léger, Directeur analytique chez Nielsen.
Plus faciles à conserver, certains produits surgelés ont même davantage séduit que les produits frais libre-service. Par exemple, les cordons bleus surgelés ont affiché une croissance 2,5 fois plus forte que ceux du rayon frais pendant le confinement (+60% contre +24%). Même chose pour les légumes cuits (+29% en surgelés contre +16% en frais), la viande (+55% contre +26%) ou les pizzas (+21% contre +4%).
Peu de réserves
Paradoxalement, seul un peu plus d’un quart des Français (27%) déclare avoir stocké et fait des réserves de produits surgelés salés. C’est bien moins que pour les conserves (53%). Sans doute parce que le taux d’équipement en congélateurs est de "seulement 92%" en France, explique Adèle Evrard, consultante Nielsen. "Outre le manque d’équipement pour une minorité de Français, les consommateurs doivent aussi faire avec l’espace de stockage limité dans le congélateur -un stockage qui est plus contraignant que pour des conserves ou des pâtes, et qui peut susciter un retour plus rapide en magasin", ajoute-t-elle.
Reste à savoir si le rebond du marché des surgelés perdurera dans les mois à venir: "Cela dépendra surtout de la fréquence à laquelle les consommateurs se rendront en magasin. Si elle reste en deçà de l’avant-confinement, la reprise du surgelé sera durable, ce qui pourrait inciter les hypermarchés et supermarchés à leur accorder plus de surface en points de vente", explique Daniel Ducrocq, Directeur des Services à la Distribution chez Nielsen.