BFM Business
Conso

Jouets, café, céréales... Michel-Edouard Leclerc dresse la liste des produits dont les prix "vont baisser"

placeholder video
Le président du groupe E.Leclerc a listé plusieurs produits dont les prix devraient diminuer l'an prochain. Il entend négocier avec les industriels pour parvenir à une nette réduction de l'inflation alimentaire.

Les prix devraient baisser l'an prochain. Tout au moins pour certains produits, selon Michel-Edouard Leclerc. "Pour tout ce qui est à base de céréales et de café, c’est sûr que nous allons avoir des baisses, parce que les marchés de ces matières premières ont beaucoup baissé", a-t-il déclaré au micro de France Inter, mercredi 13 décembre.

"Ensuite, sur le reste des produits agricoles, il n’y aura pas beaucoup de baisses", a-t-il ajouté. "La loi voulait protéger les revenus des agriculteurs, nous n’y touchons pas", a-t-il justifié. La loi Egalim oblige les distributeurs à vendre les produits alimentaires au minimum au prix où ils les ont achetés, majoré de 10 %.

Fin du panier anti-inflation

Ces baisses seront bienvenues pour les consommateurs, alors que le dispositif du panier anti-inflation, voulu par le gouvernement et permettant le blocage du prix de différents produits alimentaires, s'est achevé le 12 décembre.

E.Leclerc n'avait de son côté pas souhaité le mettre en place. “Nous ne l’avons pas fait parce que nous trouvions que c’était bien pour les enseignes qui étaient chères. Il fallait qu’elles aient un marqueur de leur moindre cherté. Nous, nous avons joué la carte du moins cher sur le fond de rayon", assure Michel-Edouard Leclerc.

Une stratégie qui semble gagnante pour le distributeur, dans le mesure où il continue de grignoter du terrain sur ses concurrents. Sa part de marché frôle les 25% pour les produits de grande consommation en novembre, selon le dernier baromètre de Kantar relayé par Linéaires.

Baisses dans le textile et pour les jouets

Hors rayon alimentaire, d'autres produits devraient aussi voir leurs prix reculer en 2024. "L’année prochaine, sur le non alimentaire, il y aura des baisses, de vraies baisses, indépendamment de la loi française, parce que c’est produit en Mer de Chine, dans la zone indo-Pacifique", précise Michel-Edouard Leclerc.

"Les blancs (linge de maison comme les nappes, draps et serviettes, ndlr), par exemple, vont descendre entre 6 et 10% en janvier."

Le textile d’une manière générale pourrait s'afficher en baisse, selon Michel-Edouard Leclerc, avec le prix des containers, d'armateurs comme CMA CGM ou Mærsk, “qui s’est cassé la figure”.

"Sur les jouets, ce sera en baisse aussi", assure le dirigeant d'entreprise. Mais ceux sous licence, liés à la sortie de films comme Barbie, ne seront en revanche pas plus abordables. “Ils font bingo en une fois”, a lâché Michel-Edouard Leclerc, dans son franc-parler habituel.

Le marché du jouet est à la peine depuis le début de l'année. Il a subi une baisse de 4,5% de son chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois de 2023, et un recul de 8% des volumes écoulés, selon le cabinet Circana.

Les industriels pointés du doigt

Michel-Edouard Leclerc rejette toute responsabilité sur les hausses de prix observées ces dernières années. "C’est quand même la concurrence entre distributeurs qui a modéré cette inflation", affirme-t-il. Le patron d'E.Leclerc va jusqu'à parler de "bouffée d’inflation spéculative pendant trois ans".

Il tient notamment les fournisseurs pour responsables de la situation. "Si je regarde les résultats des industriels l’année dernière, il y a beaucoup d'augmentations de dividendes, de l’ordre de 15-20%, c’est-à-dire (un niveau) supérieur à l’inflation qu’ils ont pratiquée."

Les négociations commericiales annuelles entre distributeurs et industriels sont en cours. Alors qu'entre janvier 2022 et août 2023, l'inflation alimentaire cumulée a atteint 17,9%, Michel-Edouard Leclerc espère obtenir des hausses de prix modérées.

"Nous allons leur demander d’étaler leurs hausses, comme l’a fait le monde de l’édition. Le prix du papier a augmenté de 40%, nous avons étalé cette hausse sur trois ans. Il faut que l'inflation alimentaire soit cassée par deux."
Thomas Chenel