Consigne des bouteilles plastiques: Poirson vise 2022, les professionnels du recyclage s'inquiètent

La secrétaire d'Etat à la transition écologique Brune Poirson espère que la mise en place de la consigne pour les bouteilles plastiques pourra se faire "avant la fin du quinquennat" - Bertrand Guay - AFP
La bataille du recyclage a démarré. D'un côté, Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la transition écologique, qui veut mettre en place en France un système de consigne des bouteilles plastiques pour faciliter leur recyclage. Ce vendredi, sur Sud Radio, Brune Poirson a annoncé sa volonté de mettre en place cette nouvelle filière de recyclage "avant la fin du quinquennat", soit d'ici 2022.
De l'autre, les professionnels de la filière, mais aussi des collectivités locales et des communes qui ferraillent dur pour que cette mesure ne passe pas. En juin, sur BFM Business, Jean-Luc Petithuguenin, vice-président de Paprec, était convaincu qu'il obtiendra gain de cause et que cette mesure, qu'il estime contre productive ne passera pas.
"Il y a 1,2 millions de tonnes d'emballages plastique mis sur le marché en France dont 350.000 tonnes de bouteilles, explique Jean-Luc Petithuguenin en précisant qu'en France 99% des bouteilles plastiques sont collectées. La pollution des océans? "C'est faux, c'est le prototype de la fake news", tonne Jean-Luc Petithuguenin. "Ce qu'on retrouve dans la mer, ce sont les bouteilles des Indiens, des Chinois et des Africains".
"Entre 320 à 640 millions d'euros [...] qu'on va prendre au Français"
L'autre problème de la consigne est financier. Pour Jean-Luc Petithuguenin, les géants de l'agroalimentaire vont tirer profit des consignes au détriment des consommateurs. En effet, les premiers augmenteront les tarifs d'une vingtaine de centimes qui seront récupérés en déconsignant les bouteilles. Sur les 16 milliards de boissons en bouteilles en plastique vendues chaque année en France, il estime que 80 à 90% seront rapportées soit environ 3,2 milliards d’euros.
Début septembre, dans un entretien à L'Usine Nouvelle, le patron de Paprec, évalue le montant des consignes non rapportées "entre 320 à 640 millions d'euros [...] qu'on va prendre au Français". "Qui touchera le pactole?", demande Jean-Luc Petithuguenin. "Quand ils sauront que c'est pour les redonner à Coca-Cola, chef de file sur le projet de consigne, et qu'en plus ça ne sauvera pas les océans, ils risquent de se fâcher. Je vous rappelle que les Gilets jaunes, ça a commencé comme ça", lance le dirigeant au site d'information économique.
Jean-Luc Petithuguenin estime que le problème en France n'est pas la collecte, mais le recyclage. "Seulement 57% [des bouteilles plastiques, NDLR] sont recyclées", le reste va en décharge ou en incinération. "On peut recycler plus, mais pas en imposant une consigne", estime le dirigeant.
Sur Sud Radio, Brune Poirson a rappelé que l'idée d'une consigne des bouteilles plastiques figure dans le projet de loi sur l'économie circulaire qui sera examiné au Parlement à partir de la mi-septembre. Elle signale que tout n'est pas figé. "On en est à discuter des modalités de mise en oeuvre. Je n'ai pas toutes les réponses", signale la secrétaire d'Etat en rappelant l'équation à résoudre : trouver un "système qui soit rentable économiquement, rentable écologiquement et qui soit aussi efficace et utile".
