Charge de travail trop élevée, "stress permanent": pourquoi les salariés de Lidl sont appelés à la grève ce jeudi

"Stress permanent", "question de santé mentale". Les mots employés par les représentants syndicaux inquiètent sur le contexte social chez Lidl. Ce jeudi, l’intersyndicale (CFDT, CGT, CFTC, FO) appelle à une grève illimitée dans ses 1.600 magasins hexagonaux, deuxième mouvement social après une première grève en février et des actions dans certains magasins la semaine dernière.
Salariés non remplacés, nouveaux objectifs de performance
Le premier point de discorde concerne les conditions de travail des salariés, qui auraient atteint un seuil critique selon l'intersyndicale. “Une question de santé mentale”, affirme une déléguée syndicale de Force Ouvrière. Depuis l’épisode de grève qui avait touché 250 magasins en février, “la situation n’a pas changée, voire a empiré selon Sabine Pruvost.
“Depuis 2022, tous les employés polyvalents, les caissières, qui sont parties n’ont pas été remplacées, ça représente 2.000 salariés”, alerte la déléguée FO.
Ce qui signifie un manque de moyens humains dans les magasins.
Ce point de vue est partagé au sein de l’intersyndicale, Thierry Chantrenne à la CGT parle même d’une “situation épouvantable avec un stress permanent chez les employés”.
Ce dernier explique également que les objectifs de performance ont encore augmenté alors qu’ils n’ont pas été atteints l’année dernière.
Autour du travail le dimanche
Un sujet pose particulièrement problème: la question du travail le dimanche et les jours fériés. Les syndicats souhaitent que le travail le dimanche reste sur la base du volontariat. Or cela deviendra obligatoire dans tous les magasins dès le 1er juin.
Lidl explique cette décision par le contexte concurrentiel qui nécessite d’étendre l’ouverture au dimanche comme c’est déjà le cas dans la majorité des supermarchés. Pour ces ouvertures, le distributeur aurait indiqué vouloir recruter mais actuellement toutes les embauches seraient gelées.
C’est donc aux salariés de combler les trous. Alors que sur les jours fériés, seuls trois sont toujours non travaillés (1er mai, Noël et Nouvel an). Lidl voulait faire travailler les salariés jusqu’à 10 jours fériés par an.
Autant de raisons pour lesquelles les syndicats appellent les salariés à se mobiliser quelques heures chaque fin de semaine à partir de ce jeudi.
Une absence de dialogue
Cette situation sociale tendue a commencé un peu avant le départ de Michel Biero, l’ancien patron français parti il y a quelques mois, et elle se détériore depuis janvier. Alors que l’intersyndicale a communiqué sur cet épisode de grève la semaine dernière, la direction a gardé le silence.
Toujours selon les syndicats, Lidl serait pourtant dans une dynamique positive de retour à la croissance avec les clients qui reviennent en magasin, stratégie qui commence à porter ses fruits, quitte à réduire les frais de personnels. Alors que les syndicats veulent alerter l’enseigne sur les difficultés, ils se rendent compte que la France, auparavant plus autonome, n’a plus de pouvoir de décision. Seule l’Allemagne serait aux commandes.