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Attaqué en France, le fondateur allemand du site arretmaladie.fr se justifie

Can Anser, entrepreneur allemand à l'origine du site de télémédecine, arretmaladie.fr, ouvert mardi 7 janvier en France, explique qu'en Allemagne, 30.000 arrêts maladie ont été délivrés depuis 2018 sans susciter de plaintes. L'Assurance maladie doit lancer une action en justice à son encontre pour faire cesser son activité.

Obtenir un arrêt maladie en quelques clics via un site de télémédecine, c'est ce que propose arretmaladie.fr, adaptation française d'un site internet qui a ouvert en Allemagne fin 2018. La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) a déclaré, dans la foulée de l'ouverture de ce service, son intention d'engager "une action en référé" contre ce site, qui propose d'obtenir, pour une téléconsultation facturée 25 euros, "des arrêts de travail de courte durée" provoqués par de petites pathologies.

Via cette plateforme de télémédecine, les patients "doivent remplir un questionnaire. L'un de nos médecins va le lire et va ensuite appeler le patient en visioconférence" explique sur BFMTV, Can Ansay, avocat et entrepreneur allemand, à l'origine de ce site de téléconsultation. Il s'adresse aux petites pathologies (gastro-entérite) et le médecin est assisté dans son diagnostic par un algorithme qui analyse le questionnaire rempli par le patient.

Les arrêts maladie sont limités à 3 jours maximum

Pour juguler le risque d'abus, les arrêts maladie délivrés par la plateforme sont d'une durée maximale de 3 jours, espacés de trois semaines minimum avec une limite de quatre arrêts par patient par an via le site.

"Si vous allez chez le docteur et que vous souhaitez un faux certificat en simulant que vous n'allez pas bien, le médecin n'a pas les moyens de le savoir", explique le fondateur allemand pour justifier l'intérêt de son approche.
"L'exemple de notre site en Allemagne montre qu'avec les 30.000 arrêts maladie que nous avons prescrits en un an, nous n'avons eu aucune plainte", souligne Can Alsay.

La version française de la plateforme aurait reçu beaucoup de demandes de patients depuis son ouverture hier matin, trois médecins étant à disposition pour valider les formulaires et faire les vidéos consultations.

Selon le fondateur du site, 62% des français vont au travail alors qu'ils sont malades ce qui serait le plus gros taux en Europe. "Ce type de demande par internet pourrait permettre de réduire la transmission des maladies sur le lieu de travail", ajoute-t-il.

Interrogé sur l'action en justice qui doit être intentée en France contre le site de téléconsultation arretmaladie.fr, l'entrepreneur allemand, lui-même avocat, estime "bon que le système de santé français saisisse la justice pour montrer la légalité de son site."

Un site qui se fait "au détriment de la télémédecine"

Pour Agnès Gianotti, médecin généraliste, vice-présidente du syndicat MG France, "ce service se fait au détriment de la télémédecine quand elle est utile. Quand elle est utile, c'est en lien avec le médecin traitant" explique t-elle sur BFMTV.

La Cnam "en lien avec le Conseil de l'ordre des médecins" a indiqué qu'elle "va mettre en demeure immédiatement le site de cesser ses activités et engager également, à cette fin, une action en référé".

"Les arrêts de travail ne sont pas des produits de consommation, susceptibles d'être distribués sur demande des patients", a souligné l'Assurance maladie.
Frédéric Bergé