Après les tempêtes, les huîtres seront-elles sur les tables des fêtes?

L'huître manquera-t-elle sur les tables de Noël? En moins d'un mois, trois tempêtes successives ont balayé les côtes de la Manche et la façade atlantique, laissant craindre d'importantes conséquences pour les ostréiculteurs, à quelques semaines des cruciales fêtes de fin d'année où sont consommées une grande partie des huîtres. À la faveur de conditions météorologiques plus favorables, l'heure est désormais à la constatation des dégâts par les producteurs.
Sur les littoraux touchés par les tempêtes, les dégâts sont très hétérogènes d'un territoire à l'autre, voire d'un ostréiculteur à l'autre. Dans le golfe du Morbihan ou l'ouest de la Manche, "des couloirs de vents" ont traversé des bandes de ces territoires, endommageant un parc à huître et laissant indemne un autre parc adjacent, explique Philippe Le Gal, président du Comité national de la conchyliculture (CNC). Pour l'heure, impossible de faire un bilan général des dégâts à l'échelle de l'Hexagone.
Des poches envasées
Les premiers retours des ostréiculteurs ont permis de constater "un certain nombre de dégâts", notamment dans les parcs les plus éloignés des côtes. Des cadres ou des tables, structures métalliques sur lesquelles sont élevées les huîtres, ont été retrouvés cassés ou tordus. Des poches d'huîtres, installées sur ces structures, se sont également détachées et envasées. Or, les huîtres ne peuvent survivre au-delà de huit jours dans le sable sans pouvoir respirer.
"Il est difficile de faire un état des lieux" complet pour le moment, mais "il y aura suffisamment d'huîtres pour Noël", veut néanmoins rassurer Philippe Le Gal.
"Les tempêtes ont perturbé la production", mais ces événements climatiques "sont relativement fréquents", complète Laurent Chiron, président du Groupement qualité huîtres Marennes-Oléron. "Quelques pertes de stock" ont été constatées du côté du bassin charentais, d'où proviennent 20% des huîtres françaises, mais "ce n'est pas beaucoup", précise-t-il. Ce n'est pas le cas partout: les parcs du banc d'Arguin, à l'entrée du bassin d'Arcachon, ont été très endommagés par les tempêtes.
"Un milieu naturel"
Pour Noël, malgré les tempêtes, les volumes devraient être suffisants pour répondre à la demande des consommateurs. Ce qui inquiète davantage certains ostréiculteurs, ce sont les premiers mois de la prochaine année. "Les poches de petites huîtres sont parties [emmenées par les tempêtes, ndlr], plus volatiles que les lourdes poches d'huîtres déjà grosses prévues pour les fêtes, plus stables ou déjà remontées", expliquait auprès de l'AFP un ostréiculteur normand.
Néanmoins, pour les prochaines fêtes de fin d'année, "on reste dans un milieu naturel et les choses peuvent encore changer d'ici Noël", souligne Philippe Le Gal, prudent.
Et les prix?
Pour les prix des huîtres à Noël, difficile d'en faire le constat à l'heure actuelle. Les tarifs sont directement négociés entre les ostréiculteurs et les distributeurs au début de l'automne, mais les huîtres ne seront proposées dans les supermarchés qu'une dizaine de jours avant les fêtes.
Du côté du bassin Marennes-Oléron, d'où proviennent 20% des huîtres consommées en France, les tarifs négociés entre les producteurs et les distributeurs ont baissé de 10% par rapport à l'année passée. Les producteurs, craignant notamment d'écouler moins d'huîtres qu'habituellement en raison du contexte inflationniste, ont consenti à des baisses de tarifs.
Mais "on ne sait pas si les distributeurs répercuteront cette baisse" dans les prix de vente proposés aux consommateurs, nuance Laurent Chiron, président du Groupement qualité huîtres Marennes-Oléron.