Après le bacon et les lardons, La Vie lance son jambon végétal

C'est à un monument du patrimoine culinaire français que La Vie s'attaque. La start-up française spécialisée dans la "viande" végétale annonce le lancement de son jambon végétal en grande distribution.
L'entreprise qui s'est fait connaître avec des lardons et du bacon sans viande animale ajoute que son produit est proposé par plusieurs grands groupes (Intermarché, Leclerc, Auchan, Cora, U et en octobre chez Monoprix et Franprix) ainsi que dans certains restaurants.
Il a fallu cinq années de recherche et développement pour que la start-up parvienne à mettre au point ce produit.
5 années de R&D
Elle assure n'avoir "fait aucun compromis et le résultat est bluffant: le goût, la texture, l'aspect visuel, tout y est ! Avec cette innovation, la start-up entre dans une nouvelle ère culinaire et fait face au réchauffement climatique et aux dommages de l'élevage intensif" peut-on lire dans un communiqué.
Le produit est fabriqué en Vendée à partir de protéines de pois et de protéines de soja (sans OGM), et zéro agent de texture. Il ne comporte que sept ingrédients, "autant que le leader du jambon de porc en France" assure La Vie. Il offre une teneur en protéines de 19,5g pour 100g, "répondant aux besoins nutritionnels".
Au-delà des interrogations sur l'aspect et le goût, c'est la question du nom qui fait débat. Rappelons que le gouvernement a indiqué il y a quelques jours avoir préparé un nouveau décret visant à interdire l'utilisation de noms comme "steak" ou "grillade" pour désigner des produits à base de protéines végétales, déterminé à imposer cette différenciation.
Le texte est une revendication de longue date des acteurs de la filière animale, qui estiment que des termes comme "jambon végétal", "saucisse végane" ou "bacon végétarien" peuvent créer la confusion chez les consommateurs.
Sur BFM Business ce lundi, Nicolas Schweitzer, cofondateur de La Vie, regrette que ce décret "ne s'applique qu'aux quelques sociétés qui produisent en France. Les seules sociétés qui auront l'interdiction d'utiliser les dénominations animales comme 'jambon' sont les quatre sociétés qui produisent en France".
"C'est très discriminatoire et ça va à l'encontre de toute la politique de réindustrialisation, de lutte contre le dérèglement climatique" souligne-t-il. Surtout, la start-up n'entend pas changer les noms de ses produits.
"Risible de dire que les consommateurs peuvent se tromper"
"Nous sommes très attachés aux dénominations animales parce que d'un point légal d'abord on a l'obligation d'utiliser ce qui est le plus explicite pour le consommateur. Et je vous mets au défi de trouver plus explicite que 'jambon végétal'. Et c'est assez risible de dire que les consommateurs peuvent se tromper, c'est absolument impossible..." assène Nicolas Schweitzer.
Le gouvernement avait publié un premier décret en juin 2022 mais ce dernier a été suspendu en référé par le Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative, qui n'a pas encore tranché sur le fond du dossier, a saisi en juillet 2023 la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) sur des questions d'interprétation de la réglementation européenne en matière d'étiquetage. Mais en attendant, l'exécutif souhaite faire passer son second décret.
"Je suis très confiant sur le fait que ce décret ne passe pas" estime le dirigeant qui mise sur une nouvelle décision favorable du Conseil d'Etat.
Enfin, se pose la question de l'appétence du public dans un environnement fortement inflationniste. Aux Etats-Unis, on observe une chute des ventes de la viande végétale par exemple avec de grandes difficultés pour Beyond Meat, un des leaders du secteur.
Pour Nicolas Schweitzer, c'est avant tout une question de goût. "On a eu une première génération de produits qui ont fait énormément de compromis sur les ingrédients, les apports nutritionnels, ce qui n'est pas du tout notre cas. Quand c'est bien fait, ça prend" citant par exemple son client Burger King "qui fait des dizaines de milliers de burgers végétaux chaque jour".