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"C'est le moment de l'Europe": François Villeroy de Galhau estime que l'Europe peut sortir gagnante de la période actuelle si elle réussit ces trois défis

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, ici le 24 mai 2024, a indiqué que la BCE était prête à réagir si nécessaire à un contexte économique agité.

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, ici le 24 mai 2024, a indiqué que la BCE était prête à réagir si nécessaire à un contexte économique agité. - GABRIEL BOUYS / AFP

Le gouverneur de la Banque de France appelle à saisir le "moment de l'Europe" face au basculement américain.

"Rien n'est gagné aujourd'hui, notre niveau de jeu n'est pas encore à la hauteur", a déclaré François Villeroy de Galhau, lors d'un discours prononcé dans le cadre de la conférence financière Paris Finance Forum ce mardi 10 juin, en appelant l'Europe et la France à "accélérer" face à des défis croissants.

Revenant sur l'assouplissement monétaire opéré ces derniers mois, le gouverneur de la Banque de France a estimé que la BCE, dont il est membre, avait mené une "normalisation (...) réussie", avec huit baisses successives. La dernière a été réalisée jeudi dernier pour porter le taux de dépôt à 2%, faisant de la Banque centrale européenne "un pôle de confiance".

"Nous sommes depuis jeudi dernier, dans la zone favorable du '2 et 2' : une inflation prévue à 2% cette année, notre cible, et un taux directeur à 2%, bien en deçà des niveaux américains et britanniques à 4,25%", a expliqué François Villeroy de Galhau.

Toutefois, "dans un environnement aussi incertain, zone favorable ne veut pas dire zone confortable ou figée: nous resterons à l’avenir pragmatiques en fonction des données et agiles autant qu’il le faut", a-t-il poursuivi. La Banque centrale européenne est donc prête à ajuster ses taux dans un contexte d'incertitude élevée.

"Le bon diagnostic"

Le gouverneur de la Banque de France a mentionné "trois menaces": l'imprévisibilité géopolitique "amplifiée par le basculement américain", les disruptions technologiques et le risque d'une désintermédiation du système financier.

Surtout, le gouverneur de la Banque de France a plaidé pour saisir le "moment de l’Europe" face au basculement américain, considérant que l'Europe peut y gagner, à condition de relever trois défis de taille.

D'abord "intégrer plus le marché unique", c'est à dire permettre aux entreprises et aux capitaux d'accéder plus rapidement au colossal marché européen qui reste encore trop fractionné.

Ensuite en investissant "mieux dans les technologies de rupture", autrement dit à créer les conditions financières nécessaires au capital-risque sur le Vieux Continent.

Et enfin à "innover plus vite grâce à la simplification" comme elle semble vouloir le faire depuis quelques semaines avec le report de certaines normes.

Pour autant, à ce stade, "le compte n’y est pas", juge Villeroy de Galhau.

"Nous avons le bon diagnostic, avec les rapports Draghi et Letta en 2024, puis la stratégie présentée par la commissaire européenne Albuquerque en mars 2025. Mais nous avons besoin pour l’action d’une mobilisation générale".

P.L avec Reuters