"Une arme nucléaire" fiscale: Trump veut surtaxer les entreprises étrangères jusqu'à 20%, LVMH et Total veulent l'en empêcher

Cette semaine, des dizaines de dirigeants parmi les plus grandes entreprises mondiales – dont plusieurs français comme LVMH ou Total – sont attendus à Washington. Objectif: tenter de faire barrage à une mesure explosive qui pourrait bouleverser l'équilibre fiscal mondial.
Le sujet: l’administration américaine envisage d’imposer une taxe de 5% sur les revenus des entreprises étrangères implantées aux États-Unis. Une retenue à la source qui grimperait d’un point chaque année, jusqu’à 20% d’ici 2029.
Dit autrement, c’est une surtaxe qui viendrait s’ajouter à la fiscalité actuelle. Et en France, Bercy commence à sérieusement s’inquiéter. Pourquoi? Parce que ça pourrait coûter très, très cher aux finances publiques.
Chaque année, les entreprises françaises rapatrient environ 165 milliards d’euros de dividendes et revenus depuis l’étranger. Or, les États-Unis représentent à eux seuls entre 20 et 35 % du chiffre d’affaires des grands groupes tricolores.
Des milliards de recettes en moins
Alors si Washington impose cette retenue de 20%, c’est potentiellement des milliards de recettes en moins pour le budget français.
“C’est le vrai sujet de fond, encore plus prioritaire que les droits de douane”, explique un haut responsable d’un grand groupe industriel français.
Du côté de Bercy, la Direction de la législation fiscale (DLF) et le cabinet du ministre de l'Economie et des Finances planchent activement sur le dossier depuis plusieurs jours. Car si cette taxe, surnommée “Section 899”, est votée, elle obligerait à une réorganisation complète des implantations internationales.
"Une arme nucléaire", glisse-t-on dans les couloirs du CAC 40.
D’où cette délégation express de patrons français – et européens – qui espèrent convaincre les sénateurs américains d’amender la fameuse “Big Beautiful Bill” de Donald Trump.
Et attention : même côté américain, certains sonnent l’alarme. Le Congressional Budget Office estime que la mesure permettrait certes de lever 116 milliards de dollars sur dix ans… mais au prix d’un alourdissement de la dette publique de 2 400 milliards d’ici 2034. C’est tout le paradoxe.
L’enjeu, lui, est clair: fiscal, industriel et diplomatique. Bref, on est très loin d’un simple ajustement technique.