Avec le Mercosur, le monde agricole se déchire encore sur les normes

Les agriculteurs vont mettre la pression sur le gouvernement en débutant un nouveau cycle de mobilisations lundi, date du début de négociations sur l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Ce "marché commun du Sud" regroupe quatre pays lation-américains - Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, et inquiète les exploitants français qui redoute la concurrence de produits de moindre qualité, vendus moins cher.
Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, évoque sur BFMTV sa volonté de voir rapidement le gouvernement agir.
"La concurrence intraeuropéenne est déjà intenable. A cela va s'ajouter la concurrence extra-européenne, si le Mercosur est signé."
Elle appelle en outre rapidement le gouvernement Barnier à agir sur la question des charges pesant sur les exploitants, alors que la loi d'orientation agricole, élaborée à la suite des mobilisations du début d'année, a vu son examen repoussé à janvier.
Les règles européennes surtransposées ?
Le secteur s'oppose sur l'utilité des règles mises en place par la France, et la rigidité des contrôles, dont les agriculteurs pointent le mauvais fonctionnement. Laurent Duplomb, sénateur de la Haute-Loire, pointe que les normes "ne tirent pas nos concurrents vers le haut, mais nous tirent une balle dans le pied".
"A force de normes, on tue des filières entières. Il faut du protectionnisme, mais aussi arrêter de surtransposer des normes européennes, comme ce qui se passe sur la noisette, la betterave, la pomme."
Il rappelle qu'avec l'inflation, les Français sont revenus vers les premiers prix en se détournant du bio : avec des normes renforcées, il craint ques des pays étrangers prennent une plus grande part de marché.
Florent Sebban, également invité de BFMTV, s'oppose à cette lecture. Le maraîcher et président du réseau AMAP souligne que les normes protègent l'agriculture. "Avec le Mercosur, et le libre-échange, il y a moins de règles et une Europe qui prend la voie d’une agriculture industrielle pour concurrencer d’autres marchés."
"Les politiques sont confortés par la FNSEA qui dit “moins de normes” : mais ce sont des normes qui nous protègent. Il faut doter l’Etat pour qu’il fasse des bons contrôles et puisse maintenir un haut niveau de normes."
Les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA sont à l'origine des mobilisations qui se déploieront la semaine prochaine, et réclament la finalisation des 70 engagements pris l'ancien Premier ministre Gabriel Attal.