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Armement: la "frilosité des banques" met-elle en péril la souveraineté nationale?

Les entreprises du secteur de la défense rencontrent des difficultés auprès des banques pour obtenir des financements à leur activité, a indiqué vendredi le délégué général pour l'Armement (DGA).

Les entreprises du secteur de la défense rencontrent des difficultés auprès des banques pour obtenir des financements à leur activité, a indiqué vendredi le délégué général pour l'Armement (DGA). - ERIC FEFERBERG

Les entreprises de l'armement ont des difficultés auprès des banques françaises pour obtenir des financements. Contraintes de s'adresser à des banques étrangères, elles craignent une perte de confidentialité.

Jour après jour, la lettre ouverte publiée par Vauban, qui regroupe une vingtaine de spécialistes des questions de défense, dans La Tribune n'en finit pas de faire des vagues. Et pour cause, il alerte sur "la mort cérébrale de l'industrie d'armement exportatrice". Pas moins.

Selon ces experts, cette industrie qui garantie la souveraineté en matière de défense est menacée entre autre par "la frilosité des banques" qui lésinent à financer des projets stratégiques.

"Sans banque nationale dynamique et active, l'industriel n'a pas d'autre choix que de s'adresser à d'autres banques étrangères (...). Le risque est la perte de confidentialité mais aussi d'autonomie dans des projets souvent confidentiels. Plus la boucle est nationale et courte, et plus la chance de l'emporter face à la concurrence est grand", expliquent les membres de Vauban.

Une attitude "nouvelle et inquiétante"

Lors d'une audition au Sénat, le délégué général pour l'Armement (DGA), Joël Barre, confirme les relations tendues entre les banques et les entreprises du secteur de la défense.

"Il faut reconnaître que (...) le marché des équipements (de défense) est un marché particulier, c'est une marché dont le client est public, c'est un marché de long terme qui demande des investissements dans la durée", a détaillé le délégué général pour l'Armement.

Le Gicat (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres ) confirme cette tendance. Dans un document dévoilé par La Tribune, le groupement explique que "si le système bancaire national ne soutient pas nos entreprises, ces dernières seront d'autant plus vulnérables à des faillites ou à des rachats par des investisseurs étrangers".

Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a réagi. Cette "attitude des banques, nouvelle et inquiétante (...) est profondément choquante", a fustigé le sénateur dans un communiqué publié jeudi, à la suite d'une audition du délégué général pour l'Armement.

Des actions de remédiation

Face à cette situation, la DGA a apporté son soutien aux sociétés concernées et les a aidées à obtenir des prêts, selon son délégué général. Depuis le printemps, elle soutient également les entreprises qui rencontrent des difficultés du fait de la crise sanitaire.

"Nous avons visité ou rencontré un peu plus de 1000 sociétés", a expliqué Joël Barre. "Nous en avons identifié à peu près 10% qui nécessitaient des actions de remédiation". "Sur les quelque 120 entreprises qui nécessitaient des actions nous considérons qu'à l'heure actuelle nous en avons traité 80", a indiqué le délégué général.

Ce programme de soutien va se poursuivre. Il s'inscrit en complément du plan d'aide dédié au secteur aéronautique présenté par le gouvernement en juin et des différentes mesures de soutien à l'économie.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco