Après ses déboires avec les Etats-Unis, Huawei se replie sur la Chine et parie sur l'Europe

Entre pandémie, pénurie des semis conducteurs et sanctions américaines, Huawei a vécu une année 2020 difficile. Durant cette période, le groupe chinois a reculé de 24,5% aux Etats-Unis, de -8,7% en Asie Pacifique, de -12,2% en EMEA, mais a progressé de 15,4% en Chine qui reste son seul levier de croissance.
Huawei a vu une baisse de la progression de son chiffre d'affaires (891,4 milliards de yuans, soit 115,9 milliards d'euros). En 2020, il n'augmente de seulement 3,8% contre 19,1% en 2019. Huawei n'a même pas communiqué les ventes de smartphones en 2020. Selon le bureau d'études Canalys, elles auraient reculé de 22%.
La vie n'a pas été facile pour nous (...) mais nous avons tenu bon face à l'adversité", a admis mercredi Ken Hu, qui occupe la présidence tournante de Huawei, lors d'une conférence de presse.
"Les résultats sont bons"
Ce jeudi, sur BFM Business, Jacques Biot, président du conseil d’administration de Huawei France et ex-président de l'école Polytechnique, a tenu à nuancer la situation.
Les résultats sont bons, on est à +3,8%, il y a les chiffres et ce qui est derrière les chiffres. Il y a la validation d'une stratégie inscrite dans le long terme avec des changements qui ne sont pas visibles pour des yeux qui ne seraient pas exercés comme ceux des auditeurs et téléspectateurs de BFM Business", a réagi le dirigeant.
Jacques Biot réfute également un repli sur son marché intérieur.
On ne se recentre pas sur la Chine, Huawei reste une entreprise internationale complétement tournée vers les marchés internationaux", indique Jacques Biot en précisant que le marché chinois "n'est pas une priorité, mais il est parti plus vite".
Le groupe a néanmoins pour ambition de s'imposer plus encore en Europe en général et en France en particulier. Il construit à Brumath, en Alsace, une usine pour fabriquer des stations de base, ces éléments qui font le lien entre les smartphones et les réseaux télécoms en 5G. Ce site, le premier dans le monde hors de Chine, sera inauguré en 2023.
C'est une première usine de ce type hors de Chine. (...) C'est un milliard de valeur ajoutée qui est apportée à l'économie française et 300 emplois", annonce Jacques Biot.
Un écosystème basé sur HarmonyOS
Huawei, dont les équipements sont visés par des accusations aux Etats-Unis d'espionnage pour le compte du gouvernement chinois, espère déployer ses technologies en Europe malgré des autorisations au compte-goutte.
Il n'y a rien derrière tout ça, aucune réalité, tout ça va tomber", promet Jacques Biot en s'appuyant sur les chiffres de la 5G qui "continuent à monter notamment dans les entreprises".
Dans le grand public, Jacques Biot a confirmé le développement d'un écosystème basé sur HarmonyOS, le système d'exploitation maison qui sera une alternative à Android.
Enfin, il revient sur la R&D de Huawei dans laquelle le groupe investit jusqu’à 15% de son chiffre d'affaires.
Nos investissements en R&D visent à créer une numérisation heureuse de la société et la rendre plus efficiente", explique Jacques Biot.
