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100.000 milliards de dollars: la dette mondiale franchit un seuil historique, faut-il s'en inquiéter?

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 18 mars 2025 montre des signes des notations utilisées par les agences de notation.

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 18 mars 2025 montre des signes des notations utilisées par les agences de notation. - AFP

Alors que la dette devient plus coûteuse, les gouvernements et les entreprises doivent s'assurer que leurs emprunts soutiennent la croissance et la productivité à long terme, rappelle l'OCDE.

La dette publique mondiale a dépassé le seuil historique des 100.000 milliards de dollars (92.030 milliards d'euros) en 2024, a annoncé ce jeudi 20 mars l'OCDE, tandis que les coûts d'emprunt ne cessent d'augmenter, laissant les emprunteurs face à des choix difficiles.

Alors que les banques centrales ont entamé l'année dernière un cycle de baisse de leurs taux, les coûts d’emprunt demeurent bien plus élevés qu'avant la hausse généralisée en 2022, et ils sont susceptibles de continuer à augmenter cette année, à un moment où les gouvernements sont confrontés à d'importantes dépenses.

"Les marchés mondiaux de la dette se trouvent face à des perspectives difficiles", résume l'OCDE, et ce alors que "les besoins d'investissement sont plus importants que jamais", notamment pour assurer la transition énergétique et climatique.

Le Parlement allemand a approuvé cette semaine une réforme historique du frein à l'endettement et la création d'un fonds d'infrastructure de 500 milliards d'euros, mettant ainsi fin à des décennies de conservatisme budgétaire en Allemagne dans l'espoir de relancer la croissance économique.

Avec une dette publique de 3.300 milliards d'euros, la France représente 3,6% de cette dette mondiale. Un poids supérieur à son importance économique puisque le pays pèse environ 3% du PIB mondial.

Endettement indispensable

Les coûts à long terme de la transition écologique et du vieillissement de la population risquent aussi de peser sur les grandes économies.

"Cette combinaison de coûts plus élevés et d’une dette plus élevée risque de restreindre la capacité d’emprunt futur à un moment où les besoins d’investissement sont plus grands que jamais", a prévenu l’Organisation de coopération et de développement économiques dans son rapport annuel sur la dette.

Pour autant, l'endettement reste indispensable aux États et aux entreprises pour envisager l'avenir.

Car les grands emprunts du passé, contractés au moment de la crise financière de 2008 ou pendant la pandémie du Covid-19 "ont été essentiellement utilisés pour favoriser la reprise", explique l'OCDE: l'urgence était de faire repartir l'économie à court terme.

Alors que la dette devient plus coûteuse, les gouvernements et les entreprises doivent s'assurer que leurs emprunts soutiennent la croissance et la productivité à long terme, a déclaré Serdar Celik, responsable des marchés de capitaux et des institutions financières à l'OCDE.

"S'ils le font de cette façon, nous ne serons pas inquiets (...) S'ils ne le font pas de cette façon, cela ajoutera une dette supplémentaire et coûteuse, sans augmenter la capacité productive de l'économie. Alors nous connaîtrons des temps plus difficiles."
Frédéric Bianchi avec Reuters et AFP