Procès FTX: Sam Bankman-Fried veut cacher le témoignage d'un ancien client

Alors que le procès de Sam Bankman-Fried (SBF) a débuté ce mardi, il n'y a pas que des témoins proches de la bourse crypto qui sont attendus à la barre. Les anciens clients ont aussi leur mot à dire, notamment ceux qui ont tout perdu depuis la faillite du géant des cryptomonnaies.
Samedi, le département de la Justice des États-Unis (DoJ) a demandé au juge fédéral Lewis Kaplan, en charge de l'affaire FTX, qu'un client ukrainien de FTX témoigne à distance en raison de la guerre en cours entre l'Ukraine et la Russie. Il s'agit d'un homme ayant "perdu une partie substantielle de ses économies qu'il avait confiées à FTX lorsque la Russie a envahi l'Ukraine en 2022", explique le DoJ.
"Le témoignage d'au moins certains clients de FTX provenant de lieux, d'horizons et de motivations diverses pour utiliser FTX est pertinent pour établir la vaste portée que FTX avait sur l'industrie des cryptomonnaies", précise le DoJ.
"Susciter l'indignation du jury"
Deux jours plus tard, à la veille du procès, les avocats de Sam Bankman-Fried ont demandé au juge fédéral de rejeter cette requête. "Le témoignage ferait apparemment référence aux difficultés et aux circonstances individuelles créées par l'invasion Russe de l'Ukraine. Un tel témoignage ne serait pas pertinent par rapport aux crimes reprochés et ne servirait qu'à susciter la sympathie et l'indignation du jury", ont indiqué ces derniers, faisant valoir la clause du sixième amendement de la Constitution des États-Unis garantissant à l'accusé le droit d'être "confronté" aux témoins dans la même salle.
Le juge fédéral n'a pas encore pris de décision. En plus des jurés qui rendront leur verdict sur la peine de SBF, les témoins ont un rôle crucial à jouer. En effet, des témoins de l'accusation et de la défense seront entendus à la barre. Les avocats de SBF ont déjà tenté de rejeter l'un des témoins de l'accusation, Peter Easton, professeur de comptabilité à l'Université de Notre Dame, en vain.
Les témoins de l'accusation
Le DoJ entend interroger plusieurs témoins, dont trois anciens dirigeants de FTX: l'ancienne directrice générale d'Alameda Research, Caroline Ellison, l'ancien responsable de la technologie de FTX, Gary Wang, et l'ancien responsable de l'ingénierie, Nishad Singh. Tous ont déjà plaidé coupable et accepté de coopérer avec le gouvernement. Nishad Singh a avoué qu'il savait qu'Alameda Research avait emprunté des milliards à FTX tandis que Caroline Ellison a admis qu'un accord avait été conclu entre elle et SBF pour garder secrètes les informations sur les milliards de dollars prêtés par Alameda aux dirigeants de FTX.
Pour rappel, SBF est passé du statut de patron crypto le plus "altruiste" du monde à celui du plus gros escroc de la planète avec la chute de son empire, le 11 novembre 2022. L'homme de 31 ans est notamment accusé d'avoir trompé ses investisseurs et détourné l'argent de ses clients pour son enrichissement personnel, ainsi que pour combler les pertes de sa filiale de trading Alameda Research. Plus de 8,7 milliards de dollars de cryptomonnaies de clients et entreprises ont disparu à la suite de l'effondrement de FTX.
Une semaine avant sa chute, FTX était valorisée plus de 32 milliards de dollars. Au fil des mois, la gestion de l'entreprise a été révélée au grand jour par les avocats de FTX en charge de la procédure de faillite, permettant de comprendre la stratégie de SBF, entouré de son cercle proche (des anciens co-fondateurs jusqu'aux parents de l'ex-milliardaire). Aujourd'hui, plus de 9 millions de créanciers (particuliers et entreprises) n'ont plus accès à leurs fonds et ne savent pas quand ils pourront les récupérer.