Ceux qui décideront du sort de Sam Bankman-Fried n’ont peut-être "jamais entendu parler du bitcoin"

Ce mardi s'est ouvert le procès pénal de Sam Bankman-Fried (SBF), l'ex patron de la bourse crypto FTX. Le juge fédéral Lewis Kaplan, en charge de l'affaire FTX, a interrogé 50 jurés avec l'objectif de n'en garder que 18 (12 jurés et 6 jurés suppléants) d'ici ce mercredi. Pour rappel, dans le cadre d’un procès pénal aux Etats-Unis, des jurés qui constituent un "jury populaire" seront interrogés par les deux parties, l’accusation et la défense. Ils devront rendre un verdict sur la culpabilité de l’accusé, "au-delà de tout doute raisonnable". Le verdict sur chacune des accusations dont SBF fait l’objet doit être unanime, d'où le fait que la sélection de ces jurés est essentielle.
Pour le juge fédéral, l'objectif est de se retrouver face à un jury impartial, qui connaît le moins possible cette affaire et le monde des cryptomonnaies. Mardi, Lewis Kaplan a donc choisi de mesurer ses propos face aux jurés, indiquant que SBF est accusé d'avoir fraudé les clients et investisseurs de FTX, sans révéler "l'ampleur de la fraude, ni même expliquer que FTX s'est effondrée", précise The Block. Lewis Kaplan a d'abord cherché à s'assurer que les jurés n'étaient pas concernés par l'affaire, soit en ayant perdu de l'argent à cause de FTX soit en étant liés par un quelconque conflit d'intérêts.
"Avez-vous gagné ou perdu de l'argent?"
Les jurés ont aussi été interrogés sur leur rapport aux cryptomonnaies. "Avez-vous gagné ou perdu de l'argent en investissement dans les cryptomonnaies?", a demandé Kaplan aux jurés. "J'ai perdu beaucoup d'argent", a répondu une personne, précisant qu'un membre de sa famille était "financièrement ruiné". Certains ont fait part de leur méconnaissance des cryptomonnaies, tandis qu'autres ont indiqué leur méfiance à l'égard de cette industrie. "Je ne sais pas à quel point je pourrais être impartial à propos des cryptomonnaies étant donné que j'ai une opinion négative à leur égard", a déclaré une autre personne.
"Les 18 jurés qui pourraient décider du sort de SBF n’ont peut-être jamais entendu parler du bitcoin. Ils ne savent peut-être pas que cette affaire concerne des milliards de dollars, des millions d’utilisateurs dans le monde et, peut-être, l’avenir de l’ensemble du secteur des cryptomonnaies. Pourtant, dans une petite salle d’audience de Manhattan, ce seront eux qui enverront SBF en prison ou le libéreront", pointe The Block.
Pour rappel, "chaque membre du jury devra être convaincu que SBF a commis ou non chacun des crimes dont il est accusé", souligne CoinDesk. Les procureurs américains ont rejeté la demande des avocats de SBF de limiter certaines questions à poser aux jurés. En effet, ces derniers cherchaient à savoir si les futurs jurés ont un avis sur le courant "altruiste" porté par SBF, sur l'intérêt de faire des dons politiques ou encore sur les troubles du comportement (SBF souffrant de trouble déficitaire de l'attention et de l'hyperactivité (TDAH)).
Pour rappel, SBF est passé du statut de patron crypto le plus "altruiste" du monde à celui du plus gros escroc de la planète avec la chute de son empire, le 11 novembre 2022. L'homme de 31 ans est notamment accusé d'avoir trompé ses investisseurs et détourné l'argent de ses clients pour son enrichissement personnel, ainsi que pour combler les pertes de sa filiale de trading Alameda Research. Plus de 8,7 milliards de dollars de cryptomonnaies de clients et entreprises ont disparu à la suite de l'effondrement de FTX.
Une semaine avant sa chute, FTX était valorisée plus de 32 milliards de dollars. Au fil des mois, la gestion de l'entreprise a été révélée au grand jour par les avocats de FTX en charge de la procédure de faillite, permettant de comprendre la stratégie de SBF, entouré de son cercle proche (des anciens co-fondateurs jusqu'aux parents de l'ex-milliardaire). Aujourd'hui, plus de 9 millions de créanciers (particuliers et entreprises) n'ont plus accès à leurs fonds et ne savent pas quand ils pourront les récupérer.