Élection présidentielle américaine: l'industrie crypto finance massivement la campagne

Les entreprises liées aux cryptomonnaies ont dépensé plus de 119 millions de dollars jusqu’à présent pour l'élection présidentielle de 2024.

Le secteur des cryptomonnaies cherche lui aussi à influencer les résultats de l’élection présidentielle américaine. Selon un rapport publié le 21 août dernier par l’ONG Public Citizen, "près de la moitié des fonds investis par les entreprises dans les élections (via les super PAC, NDLR) proviennent du secteur des cryptomonnaies".

Au total, pas moins de 119 millions de dollars ont été distribués par des entreprises du secteur. Selon Public Citizen, la plateforme d’échanges de cryptomonnaies Coinbase et l’entreprise Ripple (qui distribue les jetons XRP) représentent "plus de 80% des dons". Par exemple, Coinbase aurait donné plus de 45 millions de dollars au super PAC Fairshake, un super comité d'action politique soutenant les cryptomonnaies.

Les super PAC (pour "Political action committees") sont des organismes indépendants des partis (contrairement aux "simples" PAC) et qui reçoivent des dons de particuliers et d'entreprises en vue de la campagne présidentielle. Les dons provenant de l'industrie crypto ont justement essentiellement alimenté des super PAC.

Les 119 millions d'euros versés en 2024 par l'industrie crypto représentent 48% des 248 millions de dollars de dons versés par des entreprises cette année pour l'élection américaine via les super PAC. Mais c'est loin de représenter l'essentiel des fonds collectés. Les entreprises peuvent par exemple faire également des dons aux "simples" PAC affiliés aux partis. Par ailleurs, les dons des particuliers (et donc des grandes fortunes et des grands patrons) peuvent atteindre d'importants montants aux États-Unis.

A titre de comparaison, l'équipe de la candidate démocrate Kamala Harris a indiqué il y a quelques jours avoir levé plus de 540 millions de dollars en moins d'un mois. De son côté, l'équipe de campagne du candidat républicain Donald Trump avait affirmé début août avoir près de 327 millions de dollars à sa disposition.

Poursuites judiciaires

Coinbase et Ripple ont particulièrement été malmenés par la justice américaine ces derniers mois. En mars dernier, une juge fédérale américaine avait statué que Coinbase se livrait à de l'offre et de la vente de titres non enregistrés en vertu de la loi américaine. Elle avait déclaré que la SEC (le gendarme de la bourse américaine) était en droit d'intenter un procès contre Coinbase, qui avait fait plusieurs requêtes visant à éviter un tel scénario.

Du côté de Ripple, l’entreprise affronte la SEC dans une bataille judiciaire depuis décembre 2020. Le gendarme boursier américain avait assigné en justice la société à l'origine des jetons cryptos XRP, pour avoir proposé des titres financiers non enregistrés. La SEC considère que Ripple a vendu 1,3 milliard de dollars de XRP à des investisseurs sans avoir enregistré cette cryptomonnaie en tant que valeur mobilière ("security") ou titre financier. En juillet 2023, Ripple avait obtenu une victoire partielle, la justice américaine estimant que la cryptomonnaie XRP n'était pas une valeur mobilière pour les investisseurs particuliers (mais que c'était en revanche le cas pour les investisseurs institutionnels).

Soutenir des candidats pro-crypto

Ces entreprises ont donc décidé de donner de l'argent à des super PAC qui soutiennent les candidats pro-crypto qui se présentent à l’élection cette année. À noter que cette industrie est désormais la deuxième en termes de dépenses totales cumulées (via les super Pac) liées aux élections depuis 2010, derrière l’industrie des combustibles fossiles, selon Public Citizen.

Pour rappel, Donald Trump s’est positionné comme le candidat "pro-bitcoin" et "pro-innovation" pour l'élection présidentielle américaine tandis que la candidate démocrate Kamala Harris a promis qu’elle soutiendra l'industrie crypto si elle est élue présidente des États-Unis. Le secteur des cryptomonnaies devient donc incontournable dans la campagne présidentielle américaine. Plus de 50 millions d’Américains en détiendraient, selon un rapport de Triple A, publié en mai dernier.

Sébastien Bordry