Donald Trump mise sur les stablecoins pour tirer le dollar vers le haut

Donald Trump dans le bureau ovale le 30 janvier 2025 - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Donald Trump l’a encore prouvé: il veut faire des États-Unis la terre promise des cryptomonnaies. Lors d’un discours enregistré et diffusé au Digital Asset Summit de New York ce jeudi, le président des États-Unis a affirmé son soutien aux stablecoins, ces cryptomonnaies adossées à des actifs stables comme le dollar. Un positionnement qui pourrait bien accélérer l’adoption des stablecoins à l’échelle mondiale et donner un sérieux avantage aux entreprises américaines du secteur.
Trump n’y est pas allé par quatre chemins: pour lui, les États-Unis doivent prendre la tête de l’industrie des actifs numériques, et cela passe notamment par une réglementation claire des stablecoins. Il a appelé le Congrès à mettre en place un cadre qui permette aux entreprises crypto de se développer sans entrave excessive.
"J'appelle le Congrès à adopter une loi historique établissant des règles simples et de bon sens pour les stablecoins et la structure du marché. Grâce à un cadre juridique adapté, les institutions, grandes et petites, seront libres d'investir, d'innover et de participer à l'une des révolutions technologiques les plus passionnantes de l'histoire moderne."
Changement de ton radical
En clair, Trump veut voir les stablecoins s’intégrer pleinement au système financier. Un changement de ton radical par rapport aux années précédentes, où l’incertitude réglementaire aux États-Unis freinait l’essor de ces actifs.
Lors du White House Crypto Summit qui s'est tenu en présence du président au début du mois de mars, Scott Bessent, le secrétaire au trésor des États-Unis, s'était exprimé sur l'urgence de légiférer:
"Nous allons beaucoup réfléchir au régime des stablecoins et, comme l'a demandé le président Trump, nous allons faire en sorte que le dollar américain reste la monnaie de réserve dominante dans le monde, et nous utiliserons les stablecoins pour y parvenir."
Derrière cette offensive pro-stablecoins, Trump joue aussi la carte de la suprématie du dollar. Alors que des projets de monnaies numériques émergent en Europe et en Chine, les États-Unis pourraient utiliser les stablecoins comme levier pour asseoir leur domination financière mondiale.
Les stablecoins déjà tirés vers le haut
Le marché des stablecoins est déjà en pleine expansion. En 2024, les stablecoins ont traité 35.000 milliards de dollars de transactions, surpassant des géants comme Visa, qui a enregistré 15.700 milliards de dollars sur la même période.
Cette croissance est illustrée par l’augmentation de la capitalisation totale du marché des stablecoins, passée de 138 à 225 milliards de dollars entre février 2024 et 2025, ainsi que par le nombre d’adresses actives, passé de 19,6 à 30 millions, illustrant un nombre d'utlisateurs croissant.
Les stablecoins jouent un rôle croissant dans les paiements, les échanges et la finance décentralisée, attirant l’attention des institutions financières. Aujourd'hui les leaders du marché sont l’USDT de Tether (143 milliards de dollars) et l’USDC de Circle (58 milliards de dollars).
La BCE veut accélérer l'Euro numérique
Ce jeudi 20 mars, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a réaffirmé vouloir "accélérer sur l'euro numérique".
L’euro numérique est présenté par la BCE comme un outil clé pour renforcer la souveraineté économique de l’Europe, en réduisant sa dépendance aux systèmes de paiement étrangers comme Visa, Mastercard et les Big Tech, qui dominent le marché. Philip Lane, chef économiste de la BCE, a alerté sur les risques de pression économique liés à cette dépendance:
"Cette dépendance expose l'Europe à des risques de pression économique et de coercition, avec des implications sur son autonomie stratégique, en limitant sa capacité à contrôler des aspects essentiels de son infrastructure financière."
L’euro numérique permettrait de réduire la fragmentation des paiements dans la zone euro et d’éviter qu’un stablecoin adossé à l’euro ne capte une part significative du marché, ce qui menacerait le système bancaire. La BCE veut accélérer son projet, avec un feu vert attendu en octobre et une mise en circulation prévue en 2026, sous réserve d’une législation européenne encore en discussion.