Argentine: le Parlement va enquêter sur le "cryptoscandale" de Javier Milei

Le président argentin Javier Milei s'adresse au public lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 23 janvier 2025. - FABRICE COFFRINI / AFP
La Parlement argentin a approuvé mardi la création d'une commission d'enquête sur "cryptoscandale $LIBRA", fraude présumée qui avait vu le président Milei relayer sur X, avant de rétracter, un projet de cryptomonnaie qui avait bondi avant de s'effondrer.
La Chambre des députés a voté, par une large majorité (128 pour, 93 contre, 7 abstentions), pour une commission d'enquête, ainsi que la convocation fin avril du chef du conseil des ministres Guillermo Francos, des ministres de l'Economie, de la Justice, et du président de la Commission des valeurs boursières.
M. Milei lui-même et sa soeur Karina, secrétaire générale de la présidence, n'ont par contre pas été convoqués faute de consensus entre les parlementaires.
Mi-février, Javier Milei avait sur X relayé -"pas promu, mais diffusé", se défendit-il- un projet de cryptomonnaie, $LIBRA, avant de rétracter quelques heures plus tard. Entretemps la monnaie avait bondi puis s'était effondrée, provoquant des "pertes millionnaires pour des acteurs locaux et étrangers", a affirmé mardi le député d'opposition Pablo Juliano lors du débat.
"Techno-optimiste fanatique"
Milei, qui se qualifie de "techno-optimiste fanatique", avait expliqué avoir voulu donner de la visibilité à un projet susceptible de financer des PME argentines de la tech. Puis s'être rétracté, réalisant n'être "pas au courant des détails du projet".
Des dizaines de plaintes ont été déposées par des organismes ou individus, visant notamment M. Milei, et les acteurs du projet $LIBRA, certains aux Etats-Unis. Elles ont été centralisées par une juge et un procureur, chargés d'une enquête.
"La parole présidentielle a un poids, sa mauvaise utilisation a des conséquences. À la Chambre des députés, nous déterminerons les responsabilités politiques des fonctionnaires du gouvernement", a déclaré mardi après le vote le député d'opposition Esteban Paulón (socialiste).
Député du parti libertarien de M. Milei, Nicolas Mayoraz a pour sa part dénoncé un "cirque" de l'opposition, qui revient à "une interférence dans le pouvoir judiciaire" au mépris de la séparation des pouvoirs, puisqu'une enquête est déjà en cours. En février, peu après le début de l'affaire $LIBRA, le Sénat avait débattu d'une éventuelle commission d'enquête, sans pouvoir dégager une majorité.
En tant que chef de l'Etat, Javier Milei jouit d'une immunité judiciaire, que seule pourrait lever une procédure parlementaire de destitution, hautement improbable car son lancement requerrait une majorité des deux tiers. Mais à terme, au-delà de son mandat, il resterait sous le coup de la justice ordinaire.