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Fermeture de Marineland: l'émotion des salariés et des visiteurs après la dernière représentation

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Le plus grand parc aquatique d'Europe n'accueillera plus de public après ce dimanche 5 janvier. Pour l'heure, l'avenir des animaux et des salariés n'est pas encore tranché.

Dans les enceintes qui bordent le bassin, un tube des Black Eyed Peas résonne une dernière fois. Le speaker prend la parole devant les tribunes garnies, ce dimanche 5 janvier, pour assister au spectacle des dauphins. Il n'y en aura pas d'autre. Marineland, le plus grand parc aquatique d'Europe, situé à Antibes (Alpes-Maritimes), ferme ses portes après 55 ans d'activité.

La chute de l'affluence, divisée par trois sur les dix dernières années, a eu raison de l'établissement. Mais pas seulement. L'évolution des mentalités quant à la captivité des cétacés aussi. À compter de 2026, la loi interdira tout spectacle avec ce type d'animaux. Dans les travées, certains spectateurs ont réalisé des pancartes. Des enfants, notamment: "Merci Marineland", peut-on lire sur les écriteaux. "C'était vraiment bien. On n'a pas envie que ça ferme parce que ça donne de l'espoir. On voit ces animaux heureux donc ça nous donne envie de continuer à voir ça", estime Camille, une jeune fille, au micro de BFMTV.

Consciente des conditions de vie des cétacés du parc, Mélia est un peu plus mesurée. "Dans des bassins, c'est pas ce qui serait le mieux pour eux. Mais c'est vrai qu'ils ont grandi en captivité et si on les relâche, ils ne savent pas chasser. Ils sont habitués depuis petits", développe-t-elle. Mais la jeune fille n'a "vraiment pas envie que ça finisse par contre": "C'est ma première journée ici et c'est vraiment incroyable".

À notre micro, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, affirme qu'il était nécessaire qu'"une page se tourne": "Ces spectacles sont faits pour les hommes, ils ne sont pas naturels pour les animaux. Il y aura toujours la possibilité d’observer ces animaux dans des zoos ou des sanctuaires".

Incertitudes

Mike Riddel, cofondateur de Marineland, dit, lui, ressentir "une grande tristesse devant ce naufrage", arguant que les animaux étaient pris en charge avec soin. Sur cette question, le point de vue de l'association One Voice, notamment, diverge largement.

En revanche, leurs préoccupations se rejoignent concernant l'avenir des quelque 150 cétacés du parc, en particulier des deux orques, qui n'ont jamais connu la vie sauvage. One Voice plaide pour la constitution d'un sanctuaire marin. Une solution qui relève de l'utopie pour Mike Riddel. En tout cas, Agnès Pannier-Runacher l'assure: les orques de Marineland ne seront pas transférées vers le Japon en raison "d'un risque important pour leur santé".

Les 103 salariés du parc, aussi, s'inquiètent. Car eux non plus ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. "C'est injuste, tout à fait", se désole Jérémy Lo Vasco. "Après, je comprends qu'on ferme avec la perte d'affluence, etc. Ça a fait un effet boule de neige depuis les inondations en 2015, la sortie du film Black Fish, les anti-captifs, le Covid. Mais c'est sûr que c'est un sentiment d'impuissance aussi des soigneurs. On est impuissants face à ça et on ne peut rien changer."

Seule certitude, dresseurs et soigneurs s'occuperont des animaux tant que leur sort ne sera pas tranché.

Benoît Ruiz avec Florian Bouhot