Explosion dans un restaurant à Cannes: les victimes portent plainte contre la ville, qui nie toute responsabilité

Deux semaines après l'explosion d'une lampe à éthanol qui a fait cinq blessés, dont trois graves, dans le restaurant Le Caveau 30 à Cannes, l'avocat des victimes a annoncé qu'une plainte avait été déposée contre la ville et le restaurateur, comme il l'a indiqué ce mercredi 11 décembre sur BFM Côte d'Azur.
Les deux personnes blessées légèrement dans l'explosion "ont pu regagner leur domicile en Italie" tandis que les trois autres blessés graves sont toujours pris en charge "à Toulon", a annoncé Maître Jérome Zuccarelli, précisant que deux d'entre eux sont toujours en coma artificiel. "On parle de séquelles permanentes, de vies ruinées", souligne-t-il.
"J'ai déposé plainte contre la ville de Cannes, car elle a un devoir, celui de faire respecter la police sur son territoire, celle des restaurants", a précisé l'avocat.
"En l'occurrence, le Caveau 30 disposait d'appareils de chauffage, des lampes chauffantes, qui sont d'ailleurs appelés 'feux de table' par le producteur, or ça, c'est totalement prohibé par la loi 2021, applicable dès 2022", a-t-il encore développé.
La mairie nie toute défaillance
En exclusivité auprès de BFM Côte d'Azur, la mairie de Cannes indique avoir "pris connaissance des propos" de l'avocat, mais précise que "les lampes à bioéthanol ne font pas partie des interdictions prévues par la loi n°2021-1104 du 22 août 2021 portant (sur la) lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets".
"Cet accident semble être malheureusement lié à une mauvaise manipulation et à un mode d’emploi inadapté", selon la municipalité.
L'avocat des victimes a précisé le déroulé des faits ce mercredi, expliquant que les victimes faisaient partie d'un groupe d'une quinzaine d'Italiens, "collaborateurs, employés et clients", venus manger au restaurant après un congrès et se sont installés à une table où se trouvaient cinq lampes à éthanol. Après le passage des commandes, les convives ont constaté que "deux des lampes ont commencé à avoir une flamme qui diminuait".
Un serveur est alors "sorti en terrasse avec une bouteille remplie d'un liquide, une des lampes chauffantes était totalement éteinte, il a mis le liquide directement sur la lampe chauffante, laquelle s'est rallumée, malheureusement l'autre lampe avait encore une flamme et il a versé directement le liquide dans la lampe avec la flamme", ce qui a entraîné "un retour de flamme qui est allé jusqu'à la bouteille remplie de ce liquide et le serveur, dans un geste brusque, a aspergé le liquide enflammé sur cinq des 15 convives".
La ville "devra s'expliquer devant un juge d'instruction"
Après la réaction de la mairie de Cannes, Me Jérôme Zuccarelli a rétorqué sur notre antenne que "la ville de Cannes devra s'expliquer devant un juge d'instruction par rapport à cela, dans la mesure où sur le site du producteur ou sur le site du distributeur de ce type de lampe chauffante, il est bien marqué que la destination est de chauffer, donc on parle d'un dispositif de chauffage et la loi ne fait pas de distinction, la loi disposait simplement que le chauffage est interdit sur toute terrasse ouverte".
Par ailleurs, la municipalité affirme qu'elle n'a "jamais eu connaissance d’accidents similaires survenus au sein des terrasses cannoises" et "n'a jamais été alertée à ce sujet" et ce "contrairement aux éléments avancés par Maître Zuccarelli".
"Il découle de ce qui précède qu’il n’y a aucune raison de rechercher la responsabilité de la Mairie de Cannes", conclut la ville.
Le Caveau 30 a été fermé administrativement pour six mois par la préfecture des Alpes-Maritimes. Des "manquements" ont été relevés, a souligné la préfecture.