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"Une grande victoire": le cancer d'un ancien salarié de l'usine Arkema de Saint-Auban reconnu comme maladie professionnelle

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L'Assurance maladie a reconnu le 11 mars le cancer de la prostate d'un ancien salarié d'Arkema comme maladie professionnelle. Une victoire pour lui et les 70 salariés diagnostiqués avec la même maladie.

Cela faisait 10 ans que les membres de l'association d'anciens salariés de l'usine Arkema de Château-Arnoux-Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence) Cader 04 l'attendaient. Le 11 mars dernier, l'Assurance maladie a reconnu le cancer de la prostate d'un ancien salarié comme une maladie professionnelle. Une victoire pour les salariés qui demandaient cette reconnaissance depuis plus de 10 ans. Ils espèrent désormais qu'elle fera jurisprudence dans de nombreux autres dossiers. 

René Villard, le président de l'association et maire de Château-Arnoux-Saint-Auban, est venu ce mardi 9 avril saluer ses anciens collègues, et annoncer cette bonne nouvelle devant l'usine.

"Pour nous c'est une grande victoire (...) Ça va nous permettre de faire jurisprudence pour tous les autres dossiers qui sont en attente" explique l'ancien salarié avant de compléter: "10 ans après, enfin la CPAM reconnaît (le cancer, NDLR) d'un salarié qui a été exposé a un produit hautement cancérigène comme maladie professionnelle". 

70 salariés malades

Pendant des dizaines d'années, de nombreux pesticides ont été fabriqués dans cette usine, notamment dans "l'atelier HCH". Fermé depuis, il s'y produisait entre autres du lindane, et son dérivé le chlordécone. C'est ce dernier qui est responsable à long terme de cancers de la prostate.

Son utilisation en tant que pesticide est interdite en France depuis 1993, mais il a beaucoup été utilisé dans les plantations de bananeraies dans les Antilles, où le nombre de cancer de la prostate surpasse la moyenne nationale

À Arkema, c'est le même constat qu'ont fait les salariés. Un cancer de la prostate a été diagnostiqué chez 70 d'entre eux et la plupart sont passés par ce fameux atelier. C'est pourquoi ils ont entamé des démarches auprès de l'Assurance maladie, qui a refusé toute reconnaissance de maladie professionnelle pendant dix ans, avançant à chaque fois le même argument.

"On nous répondait que c'était une maladie d'homme, mais tous les hommes n'ont pas été exposés aux produits chimiques", s'insurge René Villard. "(Cette reconnaissance) va permettre de faire avancer les autres dossiers, et j'espère aussi que d'autres personnes qui auraient pu abandonner au vu de la lenteur administrative, vont profiter de cette ouverture pour déposer un dossier".

Mais à l'évocation de ces dossiers encore en cours, une ombre passe sur le visage de René: 'tous n’auront pas la chance de voir ces démarches aboutir, ou d'être indemnisés". Entre temps, certains sont déjà morts des suites de ce cancer.

Camille Uginet