BFM Business
Auto

Renault donne plus de détails sur son projet de scission entre activités thermiques et électriques

Le groupe français réfléchit à créer deux nouvelles entités, l'une liée au thermique, l'autre à l'électrique. Une grande partie des activités françaises pourrait intégrer le pôle dédié à la voiture électrique et connectée.

Renault avance sur son projet de scission entre activités thermique et électrique. Ce jeudi, dans un communiqué, le constructeur a donné des éléments plus précis sur ce projet évoqué pour la première fois en début d’année, notamment sur le nombre de salariés et les sites industriels inclus dans le périmètre de réflexion.

A l'image de Ford, qui va rassembler ses activités électriques sous l'appellation "Model e", Renault avait annoncé le 18 février réfléchir à une séparation de ses activités électrique et thermique "afin d'en renforcer l'efficacité et la performance opérationnelle".

Mais si le constructeur américain s'est scindé complètement en deux (même en trois avec une filiale consacrée aux utilitaires) avec des publications financières séparées dès l'an prochain, Renault envisage une forme un peu différente.

Le groupe français compte rassembler certaines activités dans deux nouveaux pôles, électrique et connecté d'un côté et thermique de l'autre, tout en gardant d'autres activités au sein de la maison-mère. La forme de ces nouvelles entités - indépendantes financièrement ou sous forme de filiale, voire même côtées à part pour certaines - reste encore à définir. "Il est trop tôt pour dire quels profils auront ces entités, toutes les options sont sur la table", nous explique un porte-parole.

"Véhicules Électriques et Software"

Dans le communiqué dévoilé ce jeudi, Renault dessine deux nouvelles branches, d'environ chacune 10.000 salariés. D’un côté, l'entité autonome "Véhicules Électriques et Software" comprendrait les activités françaises d'ingénierie (une partie du Technocentre de Guyancourt, le Renault Software Lab, le site de Lardy (Essonne) et d'autres sites à l'étude en Île-de-France), d'industrie (les trois usines de son ElectriCity ainsi que celle de Cléon, dans le nord), ainsi que les fonctions support liées à ces activités.

De l’autre, la seconde entité rassemblerait ses activités et ses technologies de moteurs et transmissions thermiques et hybrides basées hors de France, avec ses usines de moteurs espagnoles, portugaise, turque, roumaine, brésilienne, chilienne, ainsi que des centres de recherche en Espagne, Roumanie, Turquie et au Brésil.

"Renault Group a la conviction que les véhicules thermiques, hybrides et hybrides rechargeables bénéficient de perspectives et de débouchés de long terme importants en Europe mais aussi sur les marchés internationaux", peut-on lire dans le communiqué du groupe français. Il a "pour objectif de renforcer le potentiel de ses technologies mais également de contribuer au développement des carburants à faibles émissions, GPL... et de créer ainsi un leader mondial Powertrain (moteurs) au service de l'industrie automobile".

Sur les 157.000 salariés du groupe dans le monde en 2021, (dont 45.000 en Russie, que le groupe cherche à quitter depuis le début de la guerre en Ukraine, rappelle l'AFP), une partie ne serait pas concernée par ces deux nouvelles entités. Les activités en Chine ou au Maroc ou celles liées aux châssis ne sont par exemple pas concernées par ces réflexions.

Un nouvel élan

Des consultations sur ces études "sont menées avec l'ensemble des fonctions concernées au niveau du groupe et dans les pays impliqués" et "le développement de ces réflexions stratégiques se poursuivra dans le dialogue social", a souligné le groupe. L’AFP rappelle qu’un premier débrayage avait touché le centre technique de Lardy en février, le syndicat CGT dénonçant des délocalisations à venir.

L'enjeu est clairement de redonner un nouvel élan à Renault, secoué ces dernières années en particulier par des difficultés financières. Séparer les activités électriques, notamment en les cotant à part, peut permettre de trouver des financements pour assurer une transition coûteuse. Cela peut aussi libérer la création des équipes en se délestant du poids de plus d'un siècle de création automobile, parfois loin de l'agilité de nouveaux acteurs.

Une question reste sous-jacente: Renault va-t-il s'associer à d'autres pour créer ces deux nouvelles entités? Quelle sera la place de Nissan, l'allié historique, ou de Mitsubishi? Une introduction en Bourse de l'entité véhicule électrique pourra-t-elle voir l'arrivée de nouveaux partenaires? Cette question sera à l'ordre du jour d'un conseil d'administration de l'Alliance mardi prochain.

Nissan dit "soutenir" l'initiative de Renault mais n'est pas prêt pour l'heure à adopter une organisation similaire. "Il est trop tôt, a déclaré vendredi son directeur opérationnel Ashwani Gupta lors d'un point presse à Yokohama. Nous nous concentrons sur l'électrique (...) mais nous devons aussi rester concentrés sur le thermique, car aujourd'hui cela représente 92% de nos clients".

La marque au losange devrait présenter les conclusions de ces réflexions aux investisseurs à l'automne 2022.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp avec AFP Rédactrice en chef adjointe web