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Mobilités

Le particulier, nouveau fournisseur de la mobilité de demain

La location entre particuliers est en plein dévéloppement ces dernières années.

La location entre particuliers est en plein dévéloppement ces dernières années. - DR

[TRIBUNE] Chaque rentrée est l’occasion de questionner nos habitudes, et la Semaine européenne de la mobilité, qui se déroule du 16 au 22 septembre, comme la Journée sans voiture du 22 septembre, nous y invitent particulièrement. L'occasion de se pencher sur les perspectives de l'autopartage, "un levier concret et immédiat pour répondre aux défis économiques et écologiques de la mobilité en France", explique Antoine Lacharmoise, directeur général de Turo en France.

La voiture reste incontournable en France: elle demeure nécessaire au quotidien pour des millions de ménages, et les alternatives ne couvrent pas encore l’ensemble du territoire. Mais de nouvelles attentes émergent: arbitrages financiers, préoccupations environnementales, recherche de solutions plus flexibles… Comment repenser l’usage de la voiture sans tomber dans l’utopie ni dans le dogme?

Du bien individuel à la ressource partagée

Nous assistons à la montée de modèles de partage appliqués à la mobilité: des particuliers mettent leurs véhicules à disposition via des plateformes. Ce n’est pas une rupture totale, mais une brique complémentaire qui valorise un parc existant largement sous-utilisé. L’intérêt est multiple : flexibilité pour répondre à des besoins ponctuels ou de longue durée, accessibilité économique en comparaison avec l’achat ou le leasing, et capacité à s’adapter à des usages variés.

Le particulier devient ainsi un "fournisseur" de mobilité locale, en complément des transports publics ou des loueurs classiques. Les cas d’usage sont nombreux: départs en vacances, déplacements dans des zones mal desservies, besoins ponctuels d’un véhicule adapté (familial, utilitaire, électrique). Cette logique ouvre la voie à une mobilité plus distribuée, où la voiture cesse d’être seulement un bien individuel pour devenir une ressource partagée.

Une évolution des mentalités, portée par les nouvelles générations

Entre la pression croissante du budget automobile, la conscience environnementale et la recherche de solutions plus flexibles, de nouvelles attentes apparaissent. Près de 4 Français sur 10 déclarent déjà dépenser plus de 200 euros par mois pour leur voiture*, un poids considérable pour les ménages les plus jeunes.

Dans les grandes villes comme dans certaines zones périurbaines, on observe déjà des comportements différents: recours accru aux mobilités partagées, arbitrages financiers sur l’usage quotidien de la voiture, ou envie de diversifier les modes de transport alors que près d’un Français sur trois estime aujourd’hui qu’il pourrait se passer d’une voiture au quotidien*.

Ces signaux, encore minoritaires, traduisent une évolution progressive des mentalités, particulièrement visible chez les jeunes générations.

Des défis à relever pour élargir ces pratiques

Reconnaître la réalité du terrain est essentiel. Aujourd’hui, l’autopartage reste davantage développé dans certains territoires, mais son potentiel est encore large. Les enjeux ne sont pas uniquement technologiques: ils relèvent aussi de la capacité à simplifier les parcours, à renforcer la confiance entre utilisateurs et à accompagner le développement des infrastructures, notamment pour l’électrique. Autant de leviers qui, une fois activés, permettront d’élargir et de consolider ces pratiques.

Quel rôle pour les pouvoirs publics ?

Aujourd’hui, les aides à la mobilité sont quasi exclusivement orientées vers l’achat (bonus écologique, prime à la conversion). Pourtant, soutenir les modèles d’usage partagé pourrait avoir un impact rapide sur la réduction du parc roulant et des émissions. Des pistes existent: aides à l’équipement des véhicules partagés (traceurs, recharge), incitations fiscales, intégration dans les plans de mobilité des collectivités.

La question mérite d’être posée: doit-on élargir les soutiens publics pour accompagner ces modèles émergents au même titre que l’électrique ou les transports collectifs? Car, au-delà d’une tendance, l’autopartage représente un levier concret et immédiat pour répondre aux défis économiques et écologiques de la mobilité en France.

*Baromètre du carsharing Turo / OpinionWay mai 2025

Antoine Lacharmoise, Directeur général Turo France