Jaguar Land Rover est encore englué depuis une cyberattaque cet été et prolonge la fermeture de ses sites jusqu'en octobre

Rien ne va plus pour Jaguar Land Rover. Victime d'une cyberattaque massive cet été révélée au début du mois de septembre, le célèbre constructeur automobile britannique (qui appartient au géant indien Tata) a annoncé qu'il ne pourrait pas redémarrer sa production mondiale comme prévu (le 24 septembre) et prolonge la fermeture de ses usines jusqu'au 1er octobre.
"Nous avons pris cette décision afin de clarifier la situation pour la semaine à venir, alors que nous établissons le calendrier de reprise progressive de nos activités et poursuivons notre enquête", indique un porte-parole cité par Skynews. "Nos équipes continuent de travailler 24 h/24 et 7 j/7 aux côtés des spécialistes de la cybersécurité, et des forces de l'ordre pour garantir une reprise en toute sécurité".
En attendant, les pertes se chiffrent en dizaines de millions de livres sterling pour le groupe. Sans système informatique, plus aucune voiture ne peut sortir des chaînes. Résultat, environ 1.000 voitures par jour ne sont pas produites, soit une perte de 50 millions de livres sterling de ventes par semaine (57 millions d'euros), d'après les chiffres de la BBC.
Inquiétude chez les sous-traitants
Plusieurs fuites de données sont également à déplorer. Selon Automotive News Europe, près de 40.000 véhicules assemblés avant la cyberattaque sont introuvables dans le système. Ces voitures, prêtes à être livrées, ne peuvent plus être localisées.
Dans le même temps, l'inquiétude grandit chez les salariés. Plus de 33.000 personnes travaillent directement pour le constructeur au Royaume-Uni et on évalue surtout à 200.000 le nombre de salariés impliqués en tant que sous-traitants dans la chaîne d'approvisionnement, notamment des petites PME.
Selon nos confrères, environ un quart de ces fournisseurs ont déjà pris des mesures pour suspendre la production et licencier des salariés, certains d'entre eux étant très dépendants du constructeur et risquent la faillite.
Par ailleurs, Jaguar Land Rover a également été contraint d'interrompre la production et l'assemblage dans ses usines en Chine, en Slovaquie, en Inde et au Brésil.
Les syndicats britanniques exigent que le constructeur et le gouvernement mettent en place un dispositif de chômage partiel notamment dans la chaîne d'approvisionnement. Ils mettent en avant un bénéfice de 2,2 milliards de livres sterling réalisé par Jaguar Land Rover l'an dernier permettant de dégager des fonds.
Pas d'explications sur la nature de l'attaque
Le mystère reste entier quant à la nature de la cyberattaque subie par le constructeur. Mais une chose est sûre, ses conséquences sont vastes. Outre l'interruption de la production automobile, les concessionnaires n'ont pas pu immatriculer leurs véhicules ni commander de pièces détachées. Même les logiciels de diagnostic permettant d'analyser les véhicules ont été touchés.
Pour Liam Byrne, député de Birmingham et président de la commission spéciale des Affaires et du Commerce, les conséquences de cette attaque sont symptomatiques. "La surface d'attaque à laquelle les entreprises sont exposées est désormais beaucoup plus importante, car leurs opérations numériques sont bien plus vastes. Il s'agit d'organisations mondiales. Leur informatique pourrait être externalisée dans un autre pays. La vulnérabilité est donc bien plus grande qu'auparavant", s'inquiète-t-il.
Si Jaguar Land Rover parvient à faire repartir sa production en octobre, il lui faudra "des semaines" pour retrouver un niveau normal, jugent les experts. Rappelons que le constructeur a effectué l'an passé un virage stratégique en proposant uniquement des véhicules 100% électrique.