40% des examens du code de la route seraient achetés ou obtenus en trichant

Les auto-écoles doivent apprendre à gérer des candidats au permis quelque peu déboussolés sur la route. Et pour cause, 40% des attestations de code délivrées seraient frauduleuses, selon le Syndicat national des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire, Snica FO. Elles sont obtenues en trichant lors de l'examen, parfois avec la complicité de surveillants, quand elles ne sont pas directement achetées en ligne, sur les réseaux sociaux.
"Un petit jeune nous l'a dit clairement dès le départ: voilà, j'ai acheté mon examen du code, voici mon attestation", témoigne Nassim Bouzid, enseignant de la conduite à l'ECF Paris 12.
"Il y a vraiment une découverte totale de tout ce qui se passe sur la route. Nous n'avons aucun outil ni aucun droit de regard sur la véracité du code ou la validité du document. Donc on fait avec", déplore l'enseignant.
La fraude a explosé depuis la privatisation en 2016
La tricherie aurait explosé depuis la privatisation des centres d'examen, opérée en 2016. Auparavant encadrée par des inspecteurs du permis de conduire, l'organisation de cette épreuve a alors été confiée à huit opérateurs privés: La Poste, ObjectifCode, Code’nGo!, Pointcode, Dekra, France Code, Exacode et My Easy Code.
"Nous voudrions un retour de l'examen du code de la route dans le giron public. Il faudrait à peu près 90 inspecteurs du permis de conduire pour pouvoir faire tous ces examens", estime Simon Bergue, secrétaire général du Syndicat national des inspecteurs Snica FO.
"Pendant ce temps-là, les inspecteurs ne seraient pas à essayer de chercher les faux codes", ajoute-t-il. Selon lui, la privatisation de l'épreuve est responsable de la situation. "Nous savons que lorsque c'était l'administration qui faisait passer l'examen, la fraude était presque inexistante", assure Simon Bergue.
80 centres d'examens fermés
La Délégation à la Sécurité routière reconnaît que la situation tend à se dégrader. "La hausse de la fraude est indéniable et justifie la politique active de lutte que nous conduisons. L’objectif est d'ailleurs de développer encore ces contrôles et d'accroître leur efficience grâce au développement des formations et à l'amélioration des outils de détection", précise-t-elle.
Parmi les fraudes, la Sécurité Routière a relevé qu'une tierce personne effectuait parfois l’examen à la place du candidat, quand ce n'était pas l'examinateur qui le passait directement à sa place.
Elle minimise toutefois l'ampleur des fraudes au code, épreuve à laquelle près de 1,8 million de candidats se présentent chaque année.
"Rapportés au nombre de candidats, les cas détectés donnent un ratio de fraude très faible, démontrant que la grande majorité des centres d’examen fonctionne normalement, dans le respect des règles", assure la Sécurité routière.
Depuis 2016, 80 centres agréés ont été fermés et 3.100 épreuves ont été annulées.
Tricher à l'examen du code de la route constitue un délit, sanctionné par trois ans d’emprisonnement, 45.000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction de se présenter à un examen, rappelle le réseau d'auto-écoles ECF. Mais dans les faits, les diplômes obtenus frauduleusement sont la plupart du temps simplement annulés.
La privatisation de l'épreuve du code aurait permis d'offrir un plus grand choix de dates et d'heures pour passer l'examen. Elle a entraîné la création de 142.000 places supplémentaires pour les candidats, selon des données du gouvernement relayées par RMC.