Bas-Rhin: la fédération de pêche s'inquiète du sort des poissons dans des eaux de plus en plus chaudes

La Fédération de pêche du Bas-Rhin s'inquiète du risque de létalité élevé des poissons. - BFM Marseille Provence
Les fortes chaleurs affectent aussi les poissons. Cette réalité, la fédération de pêche du Bas-Rhin la constate lors de relevés des températures effectués tous les deux mois dans les cours d'eau du département, entre le 15 mai et le 15 octobre, grâce aux 30 sondes thermiques étanches déployées dans les stations d’eau. Une mission de surveillance pour s’assurer de la bonne santé des poissons. Malheureusement, les dernières données ne sont pas bonnes, comme le rapporte ce vendredi les DNA.

La campagne, réalisée entre les 15 et 16 juin, "confirme la dégradation croissante des conditions de vie des espèces dans les cours d’eau étudiés sur la saison 2022", explique la Fédération de pêche dans un communiqué. Elle révèle également que quatre cours d’eau étaient à sec (Neugraben, Mergraben, Weitbruch et Schernetz) et que les températures de la Kineck à Valff atteignent la valeur létale pour une espèce de poissons.
Cette étude concerne deux espèces, la truite fario, présente dans les cours d’eau froids, et le Chevesne qui préfère les eaux plus chaudes. L’objectif étant d’analyser les effets d’une perturbation thermique sur les poissons. Plus celle-ci est répétée et prolongée, plus le poisson peut avoir des dégâts physiologiques irréversibles.
Une situation très inquiétante pour les pêcheurs en sachant que la température des poissons est liée à celle de l’eau. Plus celle-ci augmente, plus les espèces sont actives et demandent de l’oxygène.
"Sans courant, l’eau stagne, son réchauffement s’accélère et l’oxygène moins soluble à des températures élevées se raréfie", explique Julien Louviot, chargé de missions techniques à la fédération de pêche du Bas-Rhin, à nos confrères des Dernières nouvelles d’Alsace.
Une eau trop chaude peut mener à la mort des poissons. "Les poissons ont d’abord un comportement de fuite, poursuit le chargé de missions techniques au quotidien. S’ils n’arrivent pas à trouver un milieu plus accueillant, ils peuvent mourir par asphyxie, et c’est ce qui pourrait arriver cet été". Le département du Bas-Rhin étant lui aussi touché par de fortes chaleurs.
Dans l'attente d'une décision de la préfecture
Cette année, la campagne menée de mai à juin montre une dégradation rapide de la situation. A Huttenheim au Neugraben, entre le 1er et le 15 mai, la situation de confort thermique était optimale pour les poissons, avant une impressionnante dégringolade. Dès le 16 mai, début de la deuxième campagne, la situation de la station est passée assec.
Pire, la survie de la truite fario était impossible dans 18% des cours d’eau observés entre le 6 et le 15 juin et 50% des stations étaient altérées. Le confort thermique de l’espèce Chevesne a connu une dégradation moins marquée. Une station, le ruisseau d’Avenheim à Truchtersheim, était en situation critique.
Face aux résultats alarmants, la fédération de pêche attend une décision forte de la préfecture du Bas-Rhin sur la réglementation de l’usage de l’eau.
"Il est déjà trop tard, déplore, malgré tout, Patrick Mathieu, président de la Fédération aux DNA. Même si une décision était prise, le délai entre la publication de l’arrêté et le résultat sur le terrain me paraît trop long. On est dans une situation qu’on connaissait habituellement fin août, il y a quasiment six semaines d’avance."
Fin juin, la fédération de pêche exprimait sa vive inquiétude pour les jours à venir. "Une attention particulière doit être portée aux niveaux des eaux, plusieurs d'entre eux montrant des signes d'étiage sévère laissant craindre des assecs dans les prochaines semaines", avait-elle communiqué en juin. Des campagnes de prélèvement vont être menées tout au long de l’été et jusqu’au 15 octobre.