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Vie numérique

Internet est associé à une hausse du bien-être (mais pas pour tout le monde), d'après cette étude

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Une étude menée auprès de 2,4 millions de personnes - de 2005 à 2022, remet en question l'idée selon laquelle l'utilisation d'internet a des effets négatifs sur le bien-être des individus. Mais elle reste très incomplète.

L'utilisation d'internet peut-elle améliorer le bien-être personnel? Bien que les résultats de l'étude "Bien-être et santé mentale à l’ère d’internet" n'en "fournissent aucune preuve", certaines données recueillies par le professeur Andrew Przybylski - de l'Université d'Oxford, et le Dr Matti Vuorre, de l'Université de Tilburg aux Pays-Bas, laissent apercevoir une corrélation entre utilisation d'internet et bien-être.

L'objectif de ce travail - qui aura duré 17 ans et où 2,4 millions de personnes ont témoigné - est aussi de remettre en question l'idée selon laquelle l'utilisation d'internet a des effets négatifs sur le bien-être des individus. "Les deux dernières décennies n’ont vu que des changements mineurs et incohérents dans le bien-être et la santé mentale à l'échelle mondiale", souligne le résumé de l'étude.

"Notre analyse est la première à tester si l'accès à internet, l'accès à internet mobile et l'utilisation régulière d'internet sont liés au bien-être à l'échelle mondiale", a détaillé Andrew Przybylski, co-auteur du travail, auprès du Guardian.

Bien-être accru

Les conclusions du travail suggèrent que l'accès à internet et son utilisation sont généralement associés à un bien-être accru des individus, avec une majorité écrasante (84,9 %) d'associations positives entre la connectivité internet et le bien-être. Seulement une petite fraction (0,4 %) montre une corrélation négative, tandis qu'une portion (14,7 %) n'est pas statistiquement significative.

"2 434 203 personnes âgées de 15 à 89 ans", ont été sondées "dans 168 pays de 2005 à 2022" pour mener à bien cette étude. Toutes ont été interrogées sur leur accès à internet et leur manière de l'utiliser. Aussi, les huit aspects du bien-être ont été questionnés. Entre autres: la satisfaction personnelle dans la vie, les relations sociales, le sens de l'objectif, et le bien-être communautaire.

The Guardian souligne que les chercheurs ont utilisé plus de 33.000 modèles statistiques leur permettant d’explorer diverses associations possibles tout en tenant compte des facteurs qui pourraient les influencer, comme le revenu, l’éducation, les problèmes de santé et l’état relationnel.

Des études supplémentaires doivent être menées

Selon l'étude, en moyenne, "les personnes ayant accès à internet obtenaient des résultats 8 % plus élevés en termes de satisfaction de vie, d’expériences positives et de satisfaction dans leur vie sociale, par rapport aux personnes n’ayant pas accès à internet".

Des chiffres à nuancer néanmoins tant "l'adoption de la technologie internet et la santé mentale diffèrent selon l'âge et le sexe". "Elles sont spécifiques aux populations vulnérables [...] telles que les jeunes femmes", contrebalance l'ouvrage. Comme le relève la BBC, les jeunes femmes sont surreprésentées lors d'associations négatives entre utilisation d'internet et bien-être.

En février dernier, une étude révélait que les images sur internet amplifiaient les biais de genre, au détriment des femmes, avec un effet durable sur les utilisateurs qui y étaient exposés. Certaines plateformes comme Instagram sont régulièrement pointées du doigts pour de supposés effets négatifs sur la santé mentale des jeunes utilisatrices.

Andrew Przybylski et Matti Vuorre indiquent que des études supplémentaires doivent être menées pour déterminer si les liens entre l'utilisation d'internet et le bien-être sont confirmés. En effet, si l'étude met en avant une corrélation entre l'utilisation d'internet et un potentiel bien-être, elle ne permet pas de confirmer une quelconque causalité.

"Même si j’aime être d’accord avec ces conclusions et souhaiter vraiment qu’elles soient fidèles à la réalité, il existe malheureusement des contre-preuves et des arguments qui suggèrent que ce n’est pas nécessairement le cas", déclarait le Dr Shweta Singh, professeur adjoint de systèmes d'information et de gestion à l'Université de Warwick, au Guardian - en réponse à la publication de l'étude.

"Les effets néfastes potentiels d’internet et d’autres environnements numériques resteront inconnus", conclut l'étude.

Willem Gay