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FaceApp, de simple application distrayante à outil de "contre-espionnage" russe

Les résultats obtenus sur FaceApp, une application russe controversée.

Les résultats obtenus sur FaceApp, une application russe controversée. - FaceApp.

Le FBI voit en l'application russe FaceApp de sérieuses menaces de "contre-espionnage". Le service a vocation à à apposer des filtres sur le visage de ses utilisateurs, pour les faire paraître plus jeunes ou plus vieux.

Elle a connu un pic de popularité cet été, en permettant à tout à chacun de gagner virtuellement de 30 à 40 ans. L'application FaceApp, qui permet de modifier un visage grâce à l'intelligence artificielle, pour le rendre plus féminin, plus masculin ou encore plus âgé, serait moins inoffensive qu'elle n'y paraît.

D'après les conclusions d'une enquête du FBI lancée, cette application russe constituerait ainsi une menace en matière de "contre-espionnage". "Ils signalent que toute application développée en Russie constitue une menace potentielle de contre-espionnage", a indiqué le sénateur américain Chuck Schumer, en évoquant la réponse que le FBI lui a apportée, dans un courrier du 25 novembre.

Un accès "irrévocable" et "perpétuel"

En juillet, le Comité national démocrate avait recommandé à ses candidats à la présidentielle de ne pas utiliser cette application. Par la suite, Chuck Schumer en personne avait demandé à ce qu'une enquête soit diligentée par le FBI, pour enquêter ni plus ni moins sur les risques de cette application sur la "sécurité nationale". "Les Américains devraient être vigilants au moment de télécharger des applications développés dans des pays étrangers, connus comme des adversaires", résume-t-il désormais.

Le FBI a peu étayé sa définition du "contre-espionnage". Le service fédéral de police judiciaire américain fait vraisemblablement référence au transfert insidieux de données personnelles des utilisateurs de l'application vers les autorités russes.

En juillet, le PDG de FaceApp, Yaroslav Goncharov, avait indiqué auprès du Washington Post qu'aucune donnée relative à l'application n'était transmise à des tiers. Il avait par ailleurs précisé que les photos recueillies n'étaient pas utilisées pour entraîner un quelconque algorithme de reconnaissance faciale, et qu'il était possible d'utiliser FaceApp sans donner son nom ni son adresse électronique. 

Le véritable hic chez FaceApp? Ses conditions d'utilisation précisent que tout utilisateur cède à l'entreprise un accès "irrévocable" et "perpétuel" aux photos et données personnelles transmises. Le service est par la suite autorisé à "reproduire, modifier, adapter, publier" ce contenu, sans compensation aucune. Étonnamment, FaceApp avait également précisé que la plupart des photos recueillies étaient supprimées de ses serveurs sous 48 heures

Ces conditions d'utilisation, aussi intrusives paraissent-elles, sont néanmoins comparables à celles d'autres applications ou services Web très populaires, dont Facebook ou encore Google.

En juillet, alors que l'application cristallisait les tensions, la société israélienne Checkpoint avait ainsi déclaré ne rien avoir "trouvé d'extraordinaire dans cette application" et fait remarquer qu'elle ne réclamait par de demandes d'accès particulièrement "agressives".

Ces questionnements légitimes sur le respect de la vie privée ne semblent avoir pesé en rien sur le succès de l'application. FaceApp a depuis juillet dépassé les 100 millions de téléchargements sur Google Play. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech