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Des ONG appellent la France à prendre position face aux "robots tueurs"

Le débat sur les robots tueurs à l'ONU a été lancé depuis 2013.

Le débat sur les robots tueurs à l'ONU a été lancé depuis 2013. - LUCAS BARIOULET / AFP

D'après les membres français de la Campagne contre les "robots tueurs", la seule position valable de la France vis-à-vis de ces systèmes autonomes réside en leur interdiction.

Le débat a désormais cinq ans mais la France reste entre deux eaux. Pour que le pays tranche sur cette sensible question, les membres français de la Campagne contre les robots tueurs, chapeautés par Human Rights Watch, publient ce 6 novembre un rapport qui se présente comme un appel du pied au gouvernement français. Tous militent pour que la France soutienne un traité d'interdiction de ces armes. 

Ces "robots tueurs" sont encore peu à être déployés. La formule, volontairement simpliste, désigne des systèmes d'armement à même de choisir et d'attaquer une cible sans supervision humaine. Mais le terme recouvre également l'ensemble des machines capables de s’adapter à leur environnement, de réagir à des dangers, de faire le choix de changer de mission de façon autonome. Le prochain avion de combat européen, conçu dans le cadre du programme franco-allemand de système de combat aérien du futur (Scaf), entre ainsi dans ce cadre. 

Ethique et prolifération

"Les discussions sur les robots tueurs recouvrent en réalité deux axes majeurs : le contrôle humain sur ces technologies et le débat de la prolifération. Ce dernier est aujourd’hui extrêmement vif, à l’heure de la guerre au Yémen ou de la répression des opposants politiques en Egypte. On s’aperçoit qu’on ne peut plus continuer à alimenter des régions en guerre", note auprès de BFM Tech Tony Fortin, chargé d'études à l'Observatoire des armements (Obsarm).

Pour les auteurs du rapport, "laisser une machine décider de la vie ou de la mort d'un humain représente une ligne rouge morale et une menace pour le respect du droit international humanitaire et des droits humains". Par ailleurs, que faire si ces mêmes armes s'attaquent de façon autonome à de mauvaises cibles ? Comment différencier les combattants des non-combattants ou agir avec proportionnalité, comme le veut le droit international humanitaire ? "Seul un humain a une capacité d'analyse suffisamment fine pour appliquer ces principes dans des situations de combat complexes et changeantes", note Anne-Sophie Simpere, auteure du rapport. 

Prochain rendez-vous fin novembre

Malgré cela, la position de la France reste encore évasive. Le pays rejette l'idée de négocier une nouvelle législation internationale sur le sujet. "La position internationale de la France est de dire qu’il faut laisser une autonomie fonctionnelle à la machine", complète Tony Fortin. "Que la supervision humaine se résumera à programmer la mission avant de laisser le robot libre de tirer sur une cible s’il le souhaite. Cela dit, la communauté militaire reste frileuse dès lors qu'il s'agit d'autonomisation totale de son matériel".

Les appels à la prudence se sont multipliés ces dernières années à l’égard des armes autonomes. Pour l'heure, seuls vingt-six États se sont prononcés en faveur d’une interdiction totale du développement des armes létales autonomes, les derniers en date étant l’Autriche, la Chine, Djibouti et la Colombie, en avril. Prochain rendez-vous pour ce dossier sensible : du 21 au 23 novembre. lors de l’assemblée annuelle de la Convention sur certaines armes classiques, pendant laquelle les Etats devront adopter le mandat du groupe d’experts sur les armes létales autonomes pour l’année à venir.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech