Avis d'imposition, promesse de mariage... Tokyo lance son application de rencontre pour rassurer les célibataires

Le gouvernement métropolitain de Tokyo va lancer cet été sa propre application de rencontres, dans l'espoir que cet outil aidera à enrayer l'effondrement du nombre de naissances qui devient "critique" au Japon.
Pour s'inscrire, les personnes devront fournir des documents prouvant qu'ils sont célibataires au plan légal. En plus d'une pièce d'identité avec photo, ils devront également renseigner des informations personnelles, selon le journal national japonais The Asahi Shimbun. Parmi ces données figurent la taille, l'éducation et la profession. Ces informations seront visibles par leurs partenaires potentiels.
Présenter un avis d'imposition sera aussi requis, pour prouver ses revenus annuels. Les applications de rencontres au Japon exigent souvent de déclarer ses revenus. Enfin, les personnes souhaitant s'inscrire devront signer une lettre déclarant qu'ils cherchent une âme soeur pour se marier et passer un entretien avec les opérateurs de l'application.
"Donner un petit coup de pouce"
Le gouvernement de Tokyo s'est justifié sur son initiative. "Nous avons appris que 70% des gens qui souhaitent se marier ne participent pas à des événements (de rencontres matrimoniales, NDLR) ou ne sont pas sur des applications de recherche d'un partenaire", a déclaré mardi à l'AFP un responsable du gouvernement de Tokyo en charge de la nouvelle application.
"Nous voulons leur donner un petit coup de pouce" avec ce nouvel outil, qui est actuellement en phase de test, a-t-il ajouté.
Il n'est pas rare au Japon que des mairies organisent des événements de rencontres matrimoniales. Mais il est encore rare qu'elles lancent leur propre application en ligne dans ce domaine.
Le projet de Tokyo a suscité beaucoup de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux japonais: "Est-ce que le gouvernement devrait faire ça avec nos impôts?" s'est ainsi interrogé un internaute. Mais d'autres se sont dits intéressés parce qu'ils se sentiraient plus en sécurité avec une application officielle.
Elon Musk s'est, lui, réjouit du lancement de cette application. "Si des mesures radicales ne sont pas prises, le Japon (et de nombreux autres pays) disparaîtra", a écrit le milliardaire sur X (ex-Twitter), qui est père de 11 enfants. Il s'était déjà lamenté publiquement du déclin de la natalité, appelant à faire plus d'enfants en 2022.
Situation critique
Le déclin du taux de mariages au Japon est un facteur clé de la chute de la natalité dans le pays, les naissances hors union légale demeurant très faibles, autour de 2%, notait un rapport de l'OCDE publié début 2024.
Les naissances au Japon ont baissé l'an dernier pour la huitième année consécutive, et le nombre de décès a été environ deux fois supérieur à celui des naissances dans le pays. Le taux national de fécondité a atteint en 2023 un nouveau plus bas depuis le début de ces statistiques en 1947, à 1,2 enfant par femme en moyenne, selon des chiffres publiés mercredi par le ministère nippon de la Santé.
"La situation est critique" a commenté auprès de l'AFP une responsable du ministère.
"Divers facteurs, comme l'instabilité économique et les difficultés à jongler entre le travail et la vie familiale" peuvent expliquer ces chiffres constamment en berne, a-t-elle ajouté.
Une nouvelle loi qui va notamment augmenter les allocations familiales a par ailleurs été adoptée mercredi par la Chambre haute du Parlement japonais, conformément à la volonté du Premier ministre Fumio Kishida d'intensifier les efforts pour enrayer le déclin démographique.
Le Japon a la population la plus âgée au monde, après la principauté de Monaco. Cette situation pose des problèmes de plus en plus importants dans l'archipel, générant des pénuries de main-d'oeuvre dans nombre de secteurs d'activité et remettant en question la pérennité à long terme des systèmes publics de santé, d'assurance-maladie et de retraites.
Jusqu'à présent tous les gouvernements nippons ont échoué à inverser la tendance, alors que le pays limite son recours à l'immigration.