Après les attentats en Nouvelle-Zélande, l'impossible traque aux images violentes en ligne

Le commissaire australien Mike Bush a souligné que tout serait mis en oeuvre pour faire supprimer les contenus violents associés aux attaques des réseaux sociaux. - Marty MELVILLE / AFP
C'est une habitude qu'on préfèrerait oublier. Comme après chaque attaque d'ampleur, les réseaux sociaux se lancent dans un jeu du chat et de la souris pour faire disparaître les images et vidéos violentes. Les fusillades survenues ce 15 mars en Nouvelle-Zélande n'y font pas exception. Le bilan actuel s'élève à 49 morts, ont déclaré les autorités néo-zélandaises.
L'un des tireurs, équipé d'une GoPro, a filmé son attaque terroriste pour la diffuser en direct sur Facebook. L'enregistrement, d'une quinzaine de minutes, le montre à bord de sa voiture, puis dans la mosquée Al Noor, à Deans Ave. Armé d'un fusil semi-automatique, il tire plus d'une cinquantaine de fois. Les autorités néo-zélandaises ont fait savoir que la police mettrait "tout en oeuvre" pour voir ce contenu retiré des réseaux sociaux, fait savoir le New Zealand Herald.
Un bras de fer en ligne
Le Facebook Live de la fusillade, et sa copie intégrale retransmise sur YouTube, ne seront restées que quelques minutes en ligne, sur ces deux plateformes. Le compte Facebook de l'homme de 28 ans a également été désactivé. Dans la matinée du 15 mars, de courts extraits se sont néanmoins propagés sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube. Ce midi, un extrait de la séquence en question apparaissait en tête des résultats de la plateforme vidéo, dès lors que l'on cherchait des informations sur la fusillade.
Ces différentes plateformes ont chacune leur politique de modération vis-à-vis des contenus violents, mais sont chargées d'endiguer leur prolifération. Comme le rappelle Matt Navarra, un ancien de The Next Web, "aucune solution viable" n'existe encore pour faire en sorte de dissimuler efficacement ces mêmes images et vidéos.
Malgré leurs outils de filtrage automatique, Twitter comme Facebook semblent impuissants. Ces deux plateformes sont en théorie en mesure d'éviter la republication d'un contenu vidéo, grâce à l'empreinte qu'ils comportent. Les courts extraits de l'attaque continuent néanmoins d'être diffusés en masse.
Après l’attaque survenue à Barcelone en août 2017, les réseaux sociaux avaient également peiné à endiguer le flot d'images et de vidéos montrant des victimes reconnaissables. A la suite des attaques survenues en Nouvelle-Zélande, et prenant en compte cette impuissance, les autorités néo-zélandaises en appellent à la responsabilité des internautes pour faire cesser la propagation de cette vidéo.
Pour rappel, relayer ces contenus expose en France à des sanctions pénales. "Le fait de diffuser l’enregistrement de telles images (d'actes de barbarie et de violence, ndlr.) est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende", d'après l'article 222-33-3 du Code pénal.
L’article 227-24 du Code pénal, lui, pénalise la diffusion d’un message violent, incitant au terrorisme ou portant atteinte à la dignité humaine, quand il est susceptible d’être vu par un mineur. Il prévoit une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.