Un cadre historique de WhatsApp "regrette" le rachat de la messagerie par Facebook

Logos de Facebook, Instagram et Whatsapp sur des écrans, le 5 octobre 2020 à Toulouse, en France - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
L'ancien chef des affaires de la messagerie WhatsApp, Neeraj Arora, est revenu sur le rachat du service de messagerie par la plateforme Facebook. Arrivé en 2011, Arora avait, à l'époque, participé aux négociations, résultant sur le rachat pour 20,8 milliards d'euros (22 milliards de dollars) de la plateforme.
L'homme d'affaires, qui a quitté son poste en 2018, explique, le 4 mai, regretter le décalage entre la vision initiale de WhatsApp et la réalité construite par Facebook.
"En 2014, j'étais chef des affaires chez WhatsApp. J'ai aidé à négocier l'offre d'achat de 22 milliards de dollars de Facebook. Aujourd'hui, je le regrette. Voila comment les choses ont mal tourné", écrit Neeraj Arora sur Twitter.
C'est en 2014, après un premier refus, que WhatsApp accepte l'offre de rachat alors proposée par Facebook. Arora affirme que les conditions suivantes avaient été acceptées: le chiffrage de bout en bout pour les messages, une indépendance totale sur les décisions liées au produit, ne jamais collecter les données des utilisateurs, ne jamais recourir à la publicité, et interdire le pistage entre les différentes plateformes dont Facebook est propriétaire.
"WhatsApp gagnait de l'argent en demandant un coût d'un dollar aux utilisateurs, lors du téléchargement du l'application. Facebook (a dit qu'il) soutenait notre objectif et notre mission. Brian (cofondateur de WhatsApp, ndlr) avait même écrit ce célèbre mémo", continue Arora.
Sur le post-it, rédigé par Brian Acton, cofondateur de la messagerie, on peut lire "Pas de pub! Pas de jeux! Pas d'artifices!"
"Facebook et ses équipes ont accepté, et nous pensions qu'ils croyaient en notre mission. Évidemment, ce n'est pas ce qui est arrivé", continue l'ancien chef.
Des conditions qui, par la suite, n'ont pas été respectées par l'entreprise. Meta (nouveau nom du groupe Facebook) est très souvent fustigé pour sa gestion des données personnelles. Récemment, un rapport interne relayé par Vice a démontré que l'entreprise elle-même n'avait pas un "contrôle adéquat" sur les données personnelles de ses utilisateurs.
Conditions non respectées
Depuis ce rachat, le réseau social est embourbé dans de multiples scandales liés à la vie privée de ses utilisateurs, et auxquels WhatsApp a été exposé. En 2021, Meta avait annoncé pour la messagerie une mise à jour dédiée à la collecte des données utilisateurs, ayant vocation à être partagées avec la maison-mère.
Bien que Facebook n'ait jamais souhaité communiquer la liste des implications en matière de données personnelles de cette mise à jour, cette dernière lui laisse la possibilité de collecter des informations de paiement au sein de la messagerie, pour ensuite les coupler avec les données publicitaires sur Instagram et Facebook.
"Aujourd'hui, WhatsApp est la seconde plus importante plateforme de Facebook, plus encore qu'Instagram ou Messenger. Mais WhatsApp n'est plus que l'ombre du produit dans lequel nous avions mis tout notre coeur, et que nous voulions construire pour le monde. Et je ne suis pas le seul à regretter ce rachat", déclare Arora.
En effet, l'un des cofondateurs de la messagerie sécurisée, Brian Acton, a également pris parti contre Facebook, en 2018, dans un tweet qui reste, à ce jour, son dernier publié.
"C'est l'heure. #SupprimezFacebook", peut-on lire dans ce tweet publié le 21 mars 2018. Facebook était alors en plein du coeur du scandale Cambridge Analytica, qui avait largement terni sa réputation.